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« De sang et d'étoiles » ft. Pepsi

 :: RP :: Montagne :: Forêt
Sam 2 Nov 2019 - 15:13


De sang et d'étoiles

FT. PEPSI

Inspirer. Encore une fois. Sentir l'air brûler ses poumons, comme si ça pouvait le maintenir en vie. C'était une idée stupide. Comment maintenir vivant quelque chose qui n'a jamais vécu ? Quelque chose. Oui, c'était sans doute ça. Rien qu'une chose, vide de sens, vide d'existence. Ni chien, ni loup, ni être. Expirer. Se dire que c'est peut-être la dernière fois. C'est fou, quand on y penser, la façon dont ces deux mots peuvent se ressembler : expirer, et espérer. Un peu comme souffrir et sourire. Ils vont de pair.
Mais Hamilton n'était pas encore tout à fait mort. Son flanc se souleva encore. Il déambulait dans la montagne, ruminant ses désirs de vengeance, souffrant son envie de sang. Hanté par le regard de Surprise, les hurlements de la Meute, le souvenir de ses anciens compagnons du temps où il avait été un chien. Mais avait-il vraiment été un chien ? Il n'avait jamais été soumis aux humains, jamais abâtardi à leur service. Il avait toujours laissé libre court à sa nature de loup, plutôt que de veiller sur le troupeau de son Maître. Au fond, c'était peut-être pire. Même dans un rôle de chien, de créature servile façonnée pour être esclave, il n'avait pas eu la moindre utilité. Et son Maître, comme tout humain face à une machine inutile, l'avait jeté.

Hamilton marqua une pause pour renifler un tronc d'arbre qui marquait la limite du territoire qu'il s'était octroyé — même s'il n'avait de cesse de s'en éloigner, il était trop possessif pour ne pas avoir choisi une zone où il ne tolérerait aucune autre présence, bien qu'elle fût si reculée dans les montagnes que peu s'y aventuraient. Chaque jour, tout comme le soleil s'élevait puis sombrait, Hamilton cédait à une monotone routine qui guidait ses pattes. Mais, chaque soir, il brisait cette routine pour céder à sa haine. Il allait tourmenter les chiens qui gardaient les troupeaux, et enrageait un peu plus au souvenir de son enfance, lui qui avait eu ce même rôle. Il aurait pu dire qu'il connaissait par cœur les manœuvres de ces gardiens, pour les avoir apprises dans cette autre existence. Mais il n'en était rien. Ces chiens n'avaient rien des protecteurs qu'il avait autrefois connus, de ces géants féroces aux colliers de pointes qu'il avait côtoyé et dont il partageait la moitié des sangs. Ce n'étaient que de gros chiens avec plus de poils que d'esprit, qui n'avaient jamais affronté le moindre loup, et qui, d'ailleurs, se contentaient de japper à la face des intrus en espérant les intimider. Dans un élan de bravoure, certains belliqueux parvenaient parfois à déplacer leur masse de poils sur quelques mètres pour faire mine de pourchasser l'ennemi. Hamilton ne se lassait pas de se jouer d'eux, restant toujours invisible jusqu'à les rendre fous d'aboyer contre le brouillard. Parfois, il leur dérobait une brebis ou deux, se contenant parfois de simplement les égarer. Il n'avait rien de spécial contre ces chiens, mais ils gardaient quelque chose qui appartenait à un humain, et c'était suffisant pour qu'il ressente ce besoin viscéral de le détruire. Il dépouillait les pièges posés dans la forêt, harcelait les troupeaux, se battait parfois avec d'autres chiens qui ne retrouvaient les humains que couverts de blessures. Il se contenait tant bien que mal pour ne pas se jeter sur les bipèdes, ne pas tuer, parce qu'il savait que cela ne mènerait à rien. Pas encore. Ils le pourchasseraient, et il ne pourrait plus poursuivre son oeuvre. Mais il attendait avec fébrilité le jour où ils tomberaient enfin sous ses crocs, où il pourrait venger pleinement les trahisons, les dénigrements, et sa Meute anéantie, sa vie détruite, sa lucidité volée... Jusqu'à Surprise, jusqu'à cet amour prisonnier, ce bouton de rose serti d'épines qui n'avait jamais pu éclore.

Hamilton leva la patte sur un dernier rocher, bouclant le tour habituel de son territoire. Le soleil commençait déjà à décliner lorsqu'il quitta les hauteurs des montagnes, dont les plateaux balayés de vent lui rappelaient les terres auxquelles ses origines l'avaient si bien adapté. Il prit un trot soutenu et pénétra dans l'épaisseur des forêts en direction des territoires à humains. Oh, il ne comptait pas s'approcher du village, ou même de cet endroit plein de chiens emprisonnés où se trouvait probablement encore le malinois brisé. En fait, il craignait un peu de le revoir encore, et de découvrir qu'il n'était plus qu'un chien rampant et soumis. Parce qu'il avait cru un jour qu'ils se ressemblaient un peu, qu'ils brûlaient de la même ardeur au combat, et que ça le tuait de voir qu'un animal comme lui ne restait au fond qu'un chien aux mains de créatures haïssables.
Le demi-loup traversa les hautes estives, à présent désertés par les troupeaux. Avec la fin de l'été et l'arrivée des premiers froids, le bétail retrouvait les prairies de basse altitude. C'était le début de la période la plus difficile, lorsque les proies manquaient, que le froid mordait et que les prédateurs devenaient plus belliqueux. Mais c'était, paradoxalement, la plus tranquille pour Hamilton ; il se contentait habituellement de demeurer loin des humains, là où il ne trouvait plus ni autre chien ni bétail, et de se laisser berner par les mirages de neige dans lesquels il entrevoyait la fourrure de Surprise.
Le kangal ralentit à l'approche des zones où la veille encore se trouvaient quelques vaches coriaces accompagnées d'un groupe de chevaux. Mais eux aussi semblaient avoir repris le chemin des prairies, malheureusement. Il était bien divertissant de semer la panique au milieu de ces animaux pourtant bien plus grands et lourds que lui et de les voir détaler dans un fracas de sabots alors qu'ils auraient pu lui fracasser le crâne d'un simple petit coup. Avec un soupir, Hamilton reprit sa descente, se rapprochant toujours un peu plus des zones humaines alors que le soleil se parait déjà des lueurs rougeoyantes du crépuscule.


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Hamilton
Dim 1 Déc 2019 - 21:46
De sang et d’étoiles


Une petite boule de feu dans la montagne. Une petite chienne attachée à une laisse qui la retenait, la privait d'une fugace liberté, d'un instant, presque un mirage, dans laquelle elle redevenait comme ses ancêtres, sauvage et presque prête à attraper les étoiles. C'était Pepsi, qui trépignait silencieusement, comme pour ne pas briser ce silence hivernal. Les pas de ses maîtres faisaient crisser l'herbe et les feuilles desséchées, rendant craquantes par le froid mordant, tandis que les volatiles les plus audacieux se hâtaient de finir leur dernier ballet pour rentrer dans leur nid douillet. La nuit tombait, et, tel un incendie glacial, le soleil balayait dans ultime souffle le paysage, comme pour rappeler qu'il reviendrait le lendemain. Les arbres s'étaient teintés de nuances automnales, rendant le paysage plus beau encore qu'il ne l'était auparavant. Les sommets enneigés n'étaient pas un tableau, non mais bien une vérité que les plus chanceux avaient la chance d'apercevoir.

  Le cliquetis de la laisse résonna dans les oreilles de la chienne, et elle s'élança, transperçant le petit nuage de buée qu'elle avait créé avec sa respiration. Vive comme l'éclair, elle se sépara de Lucie et Hugo, vêtus de doudoune et d'écharpes, sans oublier les bonnets et les gants, qui marchaient pourtant d'un bon pas. Ses pattes se mouvaient incroyablement rapidement, si bien qu'il était impossible de les compter. Pepsi lâcha un ou deux aboiements fous de joie, avant de rebaisser la tête pour choper toutes les odeurs qui passaient dans les parages. Elle décela l'odeur d'un lièvre, mais ne suivit pas sa piste. Elle fit demi-tour et retourna voir sa petite famille, leur tourna autour pour les presser, et repartit à fond, sa langue pendante misérablement contre sa face droite.

  Les trois compagnons se rendirent à l'orée de la forêt, et s'enfoncèrent bientôt dans les arbres. Quelques étoiles fendaient le ciel, et le soleil disparaissait peu à peu derrière les majestueuses montagnes. La pétillante femelle partit à fond quand elle sentit un lapin, beaucoup moins loin que le précédent et partit de fond en comble, sans un regard pour ses humains. Elle galopait activement, évitant farouchement les obstacles qui freinaient sa course. Qu'importait, elle y parviendrait. Tous les sens en action, focalisés sur le lapin, elle oubliait tous les éléments perturbateurs, comme son instinct le lui dictait. Les cris du coach sportif étaient brouillés par les bonds du rongeur, l'odeur canine qui se rapprochait dangereusement mêlée à la chair fraîche, elle perdait la tête. On ne l'arrêterait pas.

  Et pourtant, elle échoua. Le terrier devait être proche, et il s'y était terré sans qu'elle n'ait eu le temps de planter ses crocs dans son cou. Même si elle était déçue, Pepsi savait bien qu'elle n'avait ni la morphologie ni le caractère déterminé des chasseurs. Elle s'arrêta, et fit quelques tours sur place, les oreilles à l'écoute et la truffe à la recherche de ses humains. Elle les avait perdus. Sa course avait duré assez longtemps finalement. La nuit tombait vite, si vite qu'elle se demandait si le soleil n'avait pas totalement disparu. Avec les arbres, la luminosité était obstruée, après tout. Elle poussa un léger geignement, avant de se rendre compte qu'elle n'était pas seule.

   Un chien, fantôme de la nuit, à quelques mètres d'elle. Elle l'observa de travers, se lécha la truffe, ses yeux brillant d'interrogation. Il était imposant, c'était tout ce qu'elle pouvait dire. Pepsi prit la parole, un brin respectueuse mais fière tout de même :
"Bonsoir ! Il fait un peu frisquet, n'est-ce pas? Je suis pressée de rentrer chez moi au chaud, je ne vais pas être longue. Mais discutons un peu ?!"

ft. Mimi’ !
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Pepsi
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Lun 16 Déc 2019 - 22:28


De sang et d'étoiles

FT. PEPSI

Les arbres refermaient autour de lui leurs branches hérissées d'aiguilles sombres, qui dissimulaient à sa vue le ciel et projetaient sur le sol leurs ombres frémissantes. Ici et là, un tronc décharné se dressait et exposait ce qu'il lui restait d'écorce noire à la brise glaciale qui lui ôtait peu à peu ses dernières épines roussies. Hamilton s'arrêtait alors, et le toisait avec ce jaloux dédain qu'il réservait à tout ce qui avait été enlacé par cette mort qu'il chérissait tant. Mais son corps, invariablement, retournait dans le monde de ceux qui se meuvent. Et le tronc que seul le poids de la terre autour des racines maintenait encore debout disparaissait parmi ses frères.

Le bruit d'une cavalcade fit soudain virer ses oreilles. Sa démarche se raidit instinctivement et ses babines tressautèrent, pressées de s'ouvrir sur ses crocs avides. Mais lorsque l'objet de ce boucan parvint dans son champ de vision, ses muscles retombèrent de dépit, décomposant sa face en une moue déçue. Il n'y avait là qu'une petite chose poilue qu'il aurait volontiers confondu avec le lapin dont l'odeur flottait dans l'air s'il avait connu une quelconque espèce de lapin nain. Il ne pouvait pas même espérer lui laisser une petite morsure souvenir, à moins de ne vouloir se retrouver avec une espèce de corps flasque et inanimé pendant de ses mâchoires. Les humains étaient bel et bien des bêtes ignobles et sans cervelles pour apprécier de réduire ce qui autrefois avait été un loup à ce genre de créatures aussi inutiles pour eux que pour elles-même. Ils avaient fait les chiens de berger, les chiens de protection, les chiens de garde, les chiens de chasse pour servir leurs intérêts, pour travailler et subir à leur place tels de serviles esclaves. Mais... Ça ? A quoi leur servait-elle donc, cette chose dégénérée ? Ce n'était plus même de l'égoïsme et de la paresse, c'était de la cruauté pure et simple que d'avoir façonné une telle abomination, pour le simple plaisir de la savoir complètement dépendante de leurs croquettes.

Hamilton posa lourdement son derrière au sol et recomposa sa face, dissimulant tant bien que mal le mélange de dégoût, de haine et de pitié qu'il ressentait. La petite chienne sembla brutalement s'apercevoir de sa présence, et tourna vers lui des yeux brillants dissimulés par le dessus de quelques mèches tombantes et par le dessous de poils hirsutes dressés sur son museau.

« Bonsoir ! l'interpella-t-elle. Il fait un peu frisquet, n'est-ce pas ? Je suis pressée de rentrer chez moi au chaud, je ne vais pas être longue. Mais discutons un peu ! »

Hamilton dévisagea un instant la moustachue. Il aurait été plus prudent de rester "chez elle", dans les mains de ses bourreaux humains, à subir leurs lois ignobles pour un peu de chaleur, que de croiser le chemin du demi-loup. La truffe du kangal humait discrètement les effluves environnantes, cherchant à capter les relents de quelques bipèdes imprudents. Mais il n'y avait que la puanteur de la servitude qui s'accrochait au poil ébouriffé de la petite chienne. Ils étaient seuls, avec la montagne et ses dangers.

« Il n'est pas dans mon intention de te retenir. » répondit-il d'une voix rauque, sortie d'un trop long mutisme.


(c) Hamilton
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