Achille n'imaginait même pas qu'on puisse l'avoir conduit ici pour une autre raison que pour une fulgurante invasion de lapins. Enfermé dans son chenil, il avait fini, dans son impatience, par s'endormir, mais au premier rayon de soleil, il guettait déjà l'approche de son maître en tenue de chasse. Il dut attendre encore que le matin avance, et il le fit en gémissant, très nerveux. Il n'avait pas l'habitude d'être enfermé.
Finalement, quelqu'un qu'il ne connaissait pas s'approcha de son chenil. Un humain qui sentait le chien. Fou de joie, Achille fit de son mieux pour lui exprimer son impatience d'aller chercher les lapins...
Tu sais que tu fais du bruit, toi ? Il va falloir que tu te calmes un peu... Enfin bon... Marin nous avait dit que tu ne restais jamais enfermé longtemps...
Comme un fou, l'épagneul breton sautait sur place, on avait parlé de son maître ! Il était sûr qu'il ne tarderait pas à courir à nouveau.
On va faire un essai, je te libère un peu, mais si tu embêtes du monde ou si tu t'éloignes trop de ta gamelle, je ne pourrai pas faire ça très souvent.
Quand la porte fut ouverte d'un demi-centimètre, Achille la poussa, et il fila, sans un regard, sans un merci. Il courait très vite, surtout après être resté immobile un certain temps. La sensation de l'herbe sous ses pattes lui faisait un bien fou.
Reviens, Achille ! lança l'homme, pris au dépourvu par autant d'énergie.
Dans sa course, Achille dégomma purement et simplement un congénère malinois, qui se roulait dans l'herbe. Lui non plus n'eut pas même droit à un regard, car l'épagneul breton s'en moquait.
Il s'immobilisa, surexcité.
Il était sûr d'avoir senti... ce qu'il cherchait.
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Achille
Dim 7 Juin 2020 - 20:49
Ecraser plus fort que soi
Achille et Yago
« Quand mon coeur était seul dans sa flaque de sang, quand mes colères étaient inattendues comme un orage d'été, qui aurait pensé qu'un jour mon coeur battrait plus fort que tous les coeurs ? »
Yago s'était ce matin-là encore levé de la patte gauche. Rien, ni même le soleil qui réchauffait son pelage, ni même l'effervescence des clients du camping qui revenaient, l'odeur de chlore de la piscine, les cris de joie des enfants, le crépitement des chipolatas dans le barbecue mêlée à celle des brioches grillées de ceux qui mangeaient à heure normale ne pouvait le faire sourire. Il préférait largement l'hiver, quand le silence régnait, quand même les oiseaux se taisaient et que l'humeur était morose. La nature s'éteignait, tandis que là tout le monde revivait. Pierre était de moins en moins présent pour s'occuper de lui, toujours à courir partout, à accueillir de nouveaux pensionnaires, à donner des directives aux employés et à saluer les clients. C'était Georges qu'il voyait le plus souvent, et malgré tout ce qu'il pouvait dire, il ne pouvait qu'avouer que le vieil homme était sympathique. Très effacé et pourtant présent, il ne lui parlait que très peu, et les deux compagnons taciturnes s'entendaient plutôt bien, chacun dans leur monde sans forcer l'autre à venir l'y rejoindre.
Celui-ci arrivait d'ailleurs, et entra dans son enclos, en lui tapotant distraitement la tête. Yago grogna, toujours aussi agacé par ces tentatives d'approche, mais n'essaya pas de le mordre quand il lui attacha le harnais sombre et la laisse. Ils s'en allèrent l'un et l'autre, d'une allure monotone. Ils se baladaient dans le parc non loin du chenil des pensionnaires, quand l'employé lui accorda quelques minutes de liberté. Jamais personne ne se trouvait dans ces environs à cette heure plutôt matinale. Le malinois trottina dans l'aire herbeuse, sniffant les odeurs qu'il ne connaissait pas, remua légèrement la queue quand il sentit l'effluve de Nirvana, sans se départir de ce regard morne et noir.
Après quelques minutes de balade, il s'allongea sur le sol vert, et se roula, soulageant son dos de quelque grattement. Et sans qu'il ne s'y attende, il se fit bousculer par un éclair blanc et fauve. La douleur n'était rien, mais sa rage avait bondi. Qui s'était permis de le toucher, alors qu'il était en situation de repos? Tous les souvenirs de coups de crocs dans le ventre, près de la gorge remontaient à la surface, et ses instincts de combattant reprenaient le dessus. Avant que Georges n'ait le temps de le raccrocher à la laisse, il bondit, tous crocs sortis, la gueule déformée par la colère.
L'autre abruti s'était éloigné un peu, fixant un point invisible à l’horizon. Un épagneul, donc. Yago n’avait jamais apprécié ces chiens, trop plein de vie pour lui, et ce dernier ne semblait pas faire exception à cette règle de stupidité et de joie abusive. Il le rejoignit en quatre ou cinq foulées, et il le contourna pour se poster face à son museau. Bien droit, les pattes posées au sol et ancrées pour qu’il ne se fasse pas déséquilibrer, il bombait son poitrail musclé, et ses yeux embrasés transperçaient presque l’âme de l’individu qui l’avait bousculé. Il aboya sans grande puissance, presque en sifflant, mais son murmure était plus menaçant que des cris : « TOI ! Tu as un problème ? Quelque chose à me dire, à me faire ? »
Simple question rhétorique. L’autre l’avait bousculé comme s’il avait été un fantôme.
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Yago
Jeu 11 Juin 2020 - 22:24
Il était sur le point d'apercevoir le lapin quand un chien qu'il ne connaissait pas se mit en face de lui. Machinalement, sans accorder aucune espèce d'intérêt au nouvel arrivant, Achille fit un petit pas de côté pour pouvoir regarder fixement ce taillis qui donnait l'air de sentir le lapin. L'autre insista néanmoins, et se tint juste en face de lui, il forçait Achille à le regarder, les yeux dans les yeux.
« TOI ! Tu as un problème ? Quelque chose à me dire, à me faire ? gronda-t-il, querelleur. - Éloigne-toi, tu veux bien ? Je cherche les lapins... Il doit y en avoir beaucoup. »
Comme la malinois ne broncha pas, Achille agita la queue, joueur. Sa liberté retrouvée le rendait plus énergique que jamais, et il supposait que si son interlocuteur insistait tant pour lui faire face, c'est qu'il devait avoir envie de jouer, lui aussi... La malveillance n'avait encore aucun visage, dans son esprit juvénile et insouciant.
« Tu pourrais chasser, toi aussi ! Je peux te montrer ! Je chasse très très bien, moi ! Ou sinon, si tu veux, on pourrait voir qui court le plus vite ! Ou bien... Y'a peut-être un os à déterrer dans le coin ? »
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Achille
Jeu 18 Juin 2020 - 20:11
Ecraser plus fort que soi
Achille et Yago
« Quand mon coeur était seul dans sa flaque de sang, quand mes colères étaient inattendues comme un orage d'été, qui aurait pensé qu'un jour mon coeur battrait plus fort que tous les coeurs ? »
L'épagneul se décala sur le côté. Il évitait le regard, ce faible. Plus que de ne pas le fixer dans le blanc des yeux, il observait bien loin le paysage, comme si l'herbe et les buissons étaient aussi intrigants qu'un chien prêt à se battre. Après tout, il semblait assez jeune. Tout son être vibrait d'émotion, d'une émotion que le malinois ne pouvait pas comprendre. Il ne captait pas la joie, l'enthousiasme de ces jeunots. Lui était passé de l'état d'embryon à celui d'adulte de combat. Alors le bonheur à l'état pur, rien qu'à l'idée d'être face à des arbres, restait inconnu au bataillon. "Éloigne-toi, tu veux bien ? Je cherche les lapins… Il doit y en avoir beaucoup."
Yago lâcha un grognement de surprise. Ainsi ce stupide clébard se permettait de le remettre à sa place pour une question de lapin. Bien sûr, il y en avait dans le coin, parfois même les lièvres lui filaient entre les pattes comme ça, sans qu’il ne réagisse. L’envie de pourchasser des lapins bondissants lui paraissait fort puérile. Même si l’idée d’ôter la vie restait toujours une belle opportunité dans son esprit, il avait appris à la maîtriser. L’autre idiot commençait à remuer la queue, se sentant sûrement d’excellente humeur : « Tu pourrais chasser, toi aussi ! Je peux te montrer ! Je chasse très très bien, moi ! Ou sinon, si tu veux, on pourrait voir qui court le plus vite ! Ou bien... Y'a peut-être un os à déterrer dans le coin ? »
Le malinois secoua la tête avec lassitude. Dans son panorama, Georges approchait doucement, le crochet de la laisse cliquetant joyeusement contre le cuir. Il observa le vieil homme et grogna, en dévoilant ses crocs acérés. « Tu m’as bousculé, abruti ! Je ne veux pas chasser les lapins, ou même chercher un os. Je suis pas un foutu clébard qui gratouille dans la terre pour mastiquer un bout d’os ! »
Il avait aboyé, belliqueux, testant les capacités d’adaptation de l’épagneul à sa colère. Il rajouta ensuite, d’un ton plus posé, presque mielleux : « Après, on peut jouer à se battre si tu veux, je suis un merveilleux adversaire dans le domaine. »
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Lun 22 Juin 2020 - 11:12
« Tu m’as bousculé, abruti ! Je ne veux pas chasser les lapins, ou même chercher un os. Je suis pas un foutu clébard qui grattouille dans la terre pour mastiquer un bout d’os ! » aboya l'inconnu en montrant ses crocs. Achille était sourd à sa colère mais sensible à son excitation. Il veut jouer ! songea-t-il en remuant la queue, le visage inondé de joie.
« Après, on peut jouer à se battre si tu veux, je suis un merveilleux adversaire dans le domaine. - Bonne idée ! Vas-y vas-y ! Bats-toi ! Je suis sûr que... » il cherchait des yeux quelque chose qui pourrait lui permettre de montrer sa force. « Tiens, regarde, moi, comme je suis fort, je vais te montrer ! »
Les branches-lianes d'un saule pleureur trainaient par terre à une quinzaine de mètres d'eux seulement. Achille courut dans leur direction comme un fou, et leur bondit dessus avec férocité. Ces pauvres plantes dont trop souvent on ignore la sensibilité, il les mordait avec force et se débattait parmi elles comme parmi une foule de lapins qu'il fallait mater.
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Achille
Dim 28 Juin 2020 - 19:59
Ecraser plus fort que soi
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« Quand mon coeur était seul dans sa flaque de sang, quand mes colères étaient inattendues comme un orage d'été, qui aurait pensé qu'un jour mon coeur battrait plus fort que tous les coeurs ? »
Le jeune chien secoua la queue, qui tressautait comme ses oreilles, quand il lui arrivait de la secouer pour parler sans rien dire d'intéressant. Tout son être vibrait de vie, de bonheur, et c'était affreusement douloureux de regarder ce clébard qui venait à peine de naître d'être heureux. Il aboya, surexcité : "Bonne idée ! Vas-y vas-y ! Bats-toi ! Je suis sûr que..."
Que ? Yago, son sourire moqueur sur les babines attendit impatiemment la réponse. Qu'il était plus fort que lui ? Qu'il allait le battre ? Ce n'étaient que des sottises. Il lui bondirait dessus plus rapidement que cet abruti bondirait sur un lapin, et il blesserait en un coup de croc. Pas le tuer, non. Il avait passé deux ans ici, et ce n'était plus son envie première quand il croisait quelqu'un. Il voulait le rendre malheureux, vivant mais vide. "Tiens, regarde, moi, comme je suis fort, je vais te montrer !"
Et il s'éloigna à la vitesse de l'éclair, avant de saisir sans aucune délicatesse les branches d'un saule pleureur. Il s'acharna contre les branches sans se lasser, et le malinois le rejoignit, d'un pas souple. Prêt à bondir. L'autre idiot ne semblait pas s'être rendu compte qu'il s'approchait, et quand il l'élança pour lui donner un violent coup de tête dans le cou. L'épagneul, comme tous les chiens qui subissait ces coups sans se défendre, fut déséquilibré, et Yago en profita pour lui attraper la patte entre ses crocs et la tordre. Le sang perla sur son pelage roux-blanc, et il le relâcha un instant, certain d'avoir mordu assez fort pour que la douleur soit féroce. Un sourire carnassier sur le coin des lèvres, une gouttelette pourpre brillant sur sa canine immaculée, il aboya doucement : "Ca a dû faire mal. Une revanche ou tu t'aplatis comme un lâche ?"
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Lun 29 Juin 2020 - 0:11
L'enfant-chien était là, dans les branches-lianes. Il jouait à la guerre, il s'esclaffait sans raison, il s'agitait comme un insensé. Un obus tiède le heurta. Il en eut le souffle coupé, et en un rien de temps, son ami le malinois le maîtrisait comme un pantin.
" Ouh ! Ouh ! Ouh ! " pleurnicha Achille qui sentait sa patte se plier dangereusement à cause d'un geste du malinois. Il se mit ensuite à gémir : " Arrête ! Arrête ! "
C'était par réflexe qu'il renonçait instantanément à toute sa combattivité. Dans la vie civilisée, quand il faut se soumettre, il n'y a que les fous pour choisir la mort. Un combat civilisé n'est jamais qu'une comédie permettant de créer un vainqueur et un vaincu à partir de deux rivaux. Le malinois fit le choix civilisé de libérer la patte d'Achille. Ces deux mâles-là n'avaient pas le même tempérament, mais il y avait bien quelque chose qui les réunissait.
" Ça a dû faire mal. Une revanche ou tu t'aplatis comme un lâche ? " persifla le vainqueur.
Achille ne doutait pas qu'en un rien de temps, son interlocuteur pouvait recommencer son petit exploit. Néanmoins, lorsqu'il étira sa patte blessée, il la sentit endolorie, mais tout à fait fonctionnelle. Il n'y avait alors aucun doute à avoir : tout ceci demeurait un jeu.
Et justement, Achille était un joueur. Gagner ou perdre, il s'en fichait. Les bobos, ça passerait. Il remuait la queue, et regardait son partenaire, grisé et euphorique, car il avait l'impression qu'une sorte de complicité les unissait désormais.
" Fais gaffe, fais gaffe à tes oreilles ! " gloussa l'épagneul breton, en se relevant, prêt à se lancer. Et il se précipita sur le malinois, frontalement. Il n'avait aucune expérience de l'art de la bagarre, mais projetait simplement de lui mordiller les oreilles. Était-ce vraiment une bonne idée, cependant, de dévoiler ses pensées, lorsqu'on jouait à ce jeu-là ?
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Achille
Mer 15 Juil 2020 - 21:52
Ecraser plus fort que soi
Achille et Yago
« Quand mon coeur était seul dans sa flaque de sang, quand mes colères étaient inattendues comme un orage d'été, qui aurait pensé qu'un jour mon coeur battrait plus fort que tous les coeurs ? »
Les gémissements du jeune chien résonnaient dans ses oreilles, et sûrement aussi dans celles des hommes. Les deux employés étaient bien embarrassés par la situation, celle-ci se résumant à un combat sans queue ni tête d'un confié agressif qui n'avait autrefois juré que par les combats sanglants et d'un abruti qui fonçait sans hésitation dans le tas, cause d'une stupidité et d'un jeune âge aguicheur.
Yago s'était un peu écarté, et l'épagneul rebondit aussitôt, sautillant sans raison dans l'herbe à moitié haute, écrasant les branches de saule pleureur qu'il avait pu arracher quelques minutes plus tôt. Le malinois ne lâcha pour une fois pas de soupir blasé à savoir qu'il cohabitait avec des idiots qui ne comprenaient rien aux combats. Non, il fallait avouer que l'idée de retrouver des corps-à-corps lui donnait une patience qu'il ne se connaissait pas, et la joie passait bien avant l'intelligence. Son instinct lui soumettait de ne rien dire, d'attendre que l'autre réagisse à sa proposition. " Fais gaffe, fais gaffe à tes oreilles ! "
C'aurait pu être une feinte. Dire quelque chose pour faire exactement le contraire. Si bien que le mâle attendit un instant, incertain sur la conduite à tenir. Mais il fallait se rendre à l'évidence, c'était bien ses oreilles qui étaient visées par le bicolore. Il se décala au dernier moment, et bondit, les pattes avant poussant brutalement son poitrail sur le côté. Il colla son corps contre le sien, et ils roulèrent un instant, poitrail contre poitrail, accrochés l'un à l'autre. Puis ils se stoppèrent, et Yago, malgré son tournis, lui mordit sauvagement l'oreille. « On ne t’a jamais dit de ne jamais donner l’objet de ta cible ?, l’interrogea-t-il sans vraiment attendre de réponse. Es-tu aussi stupide à la chasse aux lapins ou tu es simplement un idiot complet au combat ? »
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Yago
Mar 4 Aoû 2020 - 16:44
L'enthousiasme de l'épagneul le rendait téméraire, en quelque sorte. Il s'esclaffait de voir son coup contré, et comme la fois précédente, dès qu'il fut tout à fait maîtrisé, il détendit tous ses muscles en signe de soumission.
« On ne t’a jamais dit de ne jamais donner l’objet de ta cible ? » grogna l'autre en le libérant. Aussitôt, Achille retrouva son air le plus niais. Il ne comprenait pas vraiment ce que lui racontait le malinois, sans doute car il ne se "bagarrait" pas avec les autres chiens en cherchant à paraître brillant, intelligent, stratégique et redoutable. Les bagarres étaient futiles, chez lui, exactement comme la chasse mobilisait à peu près l'essentiel de ses facultés de concentration et de sérieux.
« Es-tu aussi stupide à la chasse aux lapins ou tu es simplement un idiot complet au combat ? - Haha ! T'es malade ! » gloussa Achille, en chiot pris dans le tourbillon du jeu. « Je suis sûr que je chasse beaucoup mieux que toi ! Toi, tu serais même pas capable de remarquer un pauvre faisan ! Et puis t'as pas du tout la silhouette, pour courir vite ! »
Il se dégagea avec insolence, pour joindre le geste à la parole. Il n'avait pas que l'avantage du sang : Achille disposait aussi de la faculté assez ahurissante de puiser dans son énergie jusqu'à des limites insoupçonnées chez le commun des toutous. Les jours de chasse, il rentrait à chaque fois à moitié assommé par ses heures successives de course et de jeux, il était prêt à se dépenser, lorsqu'il sortait, suffisamment pour pouvoir ensuite passer plusieurs jours à récupérer.
Achille
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Achille
Lun 17 Aoû 2020 - 22:06
Ecraser plus fort que soi
Achille et Yago
« Quand mon coeur était seul dans sa flaque de sang, quand mes colères étaient inattendues comme un orage d'été, qui aurait pensé qu'un jour mon coeur battrait plus fort que tous les coeurs ? »
« Haha ! T’es malade ! » Yago eut un sourire carnassier. Il ne pensait pas si bien dire. Il était malade de jalousie envers ces chiens heureux, malade de violence, ivre de colère et de sang, malade, fou furieux. Malade. Oui, il l’était. C’était le cas. Mais c’était la première fois qu’on lui avouait ça, en plein combat, que ce soit pour jouer ou blesser. Ca lui fit mal, un peu. « Je suis sûr que je chasse beaucoup mieux que toi ! Toi, tu serais même pas capable de remarquer un pauvre faisan ! Et puis t'as pas du tout la silhouette, pour courir vite ! »
L’idiot de dégagea de sa prise, et continua dans son idéologie de jeu. Il sautilla sur place, complètement surexcité, laissant de temps à autre voltiger une gouttelette de sang sur l’herbe émeraude. Le malinois, il fallait l’avouer, était un peu désorienté par tant d’énergie, de folie. A vrai dire, il n’avait aucun soupçon d’intelligence, rétorquait des idiotités à chaque fois qu’il ouvrait la gueule. Et toujours il fonçait dans la gueule du tigre. « Je suis pourtant capable de remarquer un pauvre idiot, alors tu sais. On n’est pas loin. Comme les idiots qui se battent avec les malades, les fous.»
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Yago
Sam 12 Déc 2020 - 14:27
La liberté rendait Achille si euphorique qu'il en devenait dur à contrôler. L'herbe, les autres chiens, le vent, la course... Il en était tout étourdi de joie.
« Je suis pourtant capable de remarquer un pauvre idiot, alors tu sais. On n’est pas loin. Comme les idiots qui se battent avec les malades, les fous. »
Ce qu'aucun de ces deux chiens n'était capable de penser à cet instant, c'était que les fous, à deux ou à quatre pattes, ont ceci de particulier qu'ils ne savent pas qu'ils sont fous. Pour Achille, le lapin fou était le lapin qui ne fuyait pas pour sauver sa peau, le chien fou était le chien qui ignorait le lapin, l'homme fou était l'homme qui ignorait le lapin et le chien.
Ils étaient donc deux chiens on ne pouvait plus sains d'esprit.
« J'ai pas dit qu'on était loin... Je suis juste plus doué que toi ! » rétorqua l'épagneul, l’œil vif, plein de hardiesse.
Mais cette fois, il était prêt à courir pour faire la démonstration de ses propos, il guettait une réaction du malinois pour se mettre à courir. La course était son jeu préféré, et il ne pouvait y avait que les chiens fous, pour ignorer de pareilles invitations de jeu !
« Eh bien, quoi ! T'es d'accord ? »
Il remuait sa queue à toute vitesse, infatigable et inconscient.
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