Incarnez un chien dans un camp des Pyrénées, qu'il soit de pur-race ou bâtard !
 
Le Deal du moment :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot ...
Voir le deal

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas

« The night we met the sky »

 :: Les Mémoires :: Les mémoires :: RP achevés
Dim 20 Jan 2019 - 16:08


The night we met the sky

FT. YAGO

Un bâillement déchira la gueule du kangal, exposant au clair de lune ses imposants crocs. Il se lécha les babines, cillant d'un air endormi et portant sur l'horizon son regard polychrome. La montagne était belle, ce soir. La nuit était douce, mais les premiers froids avaient nimbé d'un manteau blanc les hauteurs dressées sur lesquelles la lune jouait de ses pâles rayons. La brise glacée de la nuit se frayait difficilement un chemin à travers l'épais poil d'hiver que lui avaient légué ses ancêtres lupins. Il ressentait à peine sa morsure. Il aurait aimé l'éprouver un peu plus. Cela le faisait se sentir vivant. Un tout petit peu vivant.

Hamilton s'allongea, laissant ses pattes vagabonder au-dessus du vide tandis que son ventre touchait, heurtant presque, la roche froide sur laquelle il se tenait auparavant assis. Son regard balaya le paysage, la vallée en contre-bas où se nichaient le village aux toits semblables à de petites taches noires ici, grises là-bas, rouges encore, les minuscules bâtisses de bois et les enclos étranges d'où s'élevaient parfois des aboiements un peu plus loin, et, tout autour, les forêts verdoyantes qui couvraient les pentes escarpées, les ruisseaux et les torrents qui y serpentaient et se jetaient dans des lacs d'un bleu-vert étrange, et, dans toute leur splendeur, les sommets, les pics enneigés et immuables, vestiges d'un monde perdu que jamais les Hommes n'avaient pu soumettre et dompter. Tout cela était bien différent des vastes étendues sèches, balayées par le vent, auxquelles avaient appartenu ses ancêtres, et lui par la suite. Mais, ici, il avait pu trouver ce que depuis longtemps il cherchait ; une liberté sans contrainte, loin des humains qu'il haïssait tant. Dans ces montagnes qu'il apprenait à connaître et à apprivoiser, il avait découvert un monde encore sauvage. Un jour peut-être trouverait-il ici sa place. Mais, dans sa solitude, dans son désarroi lancinant, il ne pouvait espérer une place que dans la mort.

Le fumet d'un corps chaud lui fit soudain tourner la tête. La faim se rappela bruyamment à son ventre ; il n'avait pas mangé depuis ce qui lui paraissait une éternité. D'abord parce qu'il ne ressentait guère l'envie de manger, lui qui avait cessé de vivre, et ensuite, parce qu'il faisait un bien piètre chasseur. Sans meute, sa race abâtardie au gré des siècles par la main de l'Homme qui l'avait forgée pour la protection, lui ôtant tout ce qui faisait de lui un redoutable chasseur pour le sculpter en guerrier, il ne pouvait tuer que ce qu'il attrapait aisément. Ainsi, lorsque les proies affaiblies ou capturées dans les pièges de quelques chasseurs venaient à manquer, il ne pouvait qu'aller à l'encontre de ses instincts de protecteur, et se faisait violence en s'attaquant aux créatures les plus faibles et lentes de ces montagnes pour satisfaire une faim trop lancinante ; les brebis.

Lentement, avec précaution, le kangal se releva et s'avança d'un pas mesuré jusqu'à remonter la piste. Il se tapit brusquement au sol. Un mouvement tout proche avait fait frémir les sous-bois. Le parfum du sang frais emplit ses narines, excitant la faim qui lui tordait d'ores et déjà les tripes. Il ne voyait pas sa proie, mais il la sentait, il l'entendait, là, toute proche. Il devinait sans un regard la masse sombre, trapue, mais surtout blessée d'un sanglier.
Il ne pu se retenir plus longtemps. D'un bond, il se retrouva face à l'animal. Avec un cri de détresse, ce qui devait être un jeune mâle tout récemment devenu solitaire prit la fuite, la queue dressée, les yeux fous. Hamilton n'eut pas le temps de regretter qu'il ne l'ai pas attaqué, qu'il n'ai pas déchiré sa chair de ses puissantes défenses. Déjà, il s'élançait à sa poursuite, les muscles gonflés d'adrénaline, la langue pendant béatement de côté. Les ronces arrachaient ses poils, griffaient sa peau et son museau. Mais la joie de la poursuite faisait planer sur son esprit un brouillard diffus, et il ne se focalisait plus que sur son objectif. Ses crocs plantés dans une chair palpitante.

Soudain, sa victime fit un brusque écart avec un couinement strident. Ses griffes dérapèrent sur les cailloux, et, le temps qu'il rectifie sa trajectoire, le sol se déroba sous lui. Le kangal laissa échapper un semblant d'aboiement surpris, et son corps heurta violemment la pente qu'il dévala dans un roulé-boulé peu gracieux au milieu des cailloux qu'il entraînait sous son poids. Il ne parvint à s'arrêter qu'en heurtant le tronc d'un arbre. Il demeura sur place quelques instants, sonné, avant de se redresser en chancelant quelques peu. Sa tête lui tournait, et son cœur battait à tout rompre. Il entendit au loin le vacarme de sa proie qui lui échappait. Quel idiot ! Foncer tout droit sur un terrain instable ! Il s'ébroua pour chasser la poussière de son poil, et entreprit d'achever sa descente, puisque, de toute évidence, il lui était impossible de remonter cette pente trop raide. Il avait eu bien de la malchance d'en réchapper, d'ailleurs.


(c) Hamilton
Revenir en haut Aller en bas
Hamilton
Errant
Hamilton
Hamilton
Messages : 55
Date d'inscription : 10/07/2018
Hamilton
Dim 27 Jan 2019 - 13:09
ft.
Mimi
THE NIGHT WE MET THE SKY  


   Yago haletait, un peu fatigué. Il venait de faire le tour du camping le plus furtivement possible, pour tenter de trouver une sortie, loin de la maison de Nirvana, et surtout loin des tentes et des chalets. Soit, loin de tout. Il avait découvert des recoins dont il ne savait rien auparavant, mais ne s'y était pas vraiment intéressé. Il avait plutôt eu intérêt à éviter les cabots qui montaient la garde devant les camping-cars de leurs maîtres, et qui gueulaient comme des idiots comme pour le dissuader de s'approcher. Puis, lorsqu'il grognait et s'approchait tel un félin en chasse, les aboiements laissaient place aux geignements apeurés. Il les laissait là, bien qu'une forte envie de les faire taire pour de bon avait effleuré son esprit.

      Un employé avait mal fermé la porte de son enclos, sans doute trop intimidé pour s'approcher complètement. Le bruit courait que seul Pierre pouvait rester à côté du malinois sans risquer de se faire mordre. Et pourtant, des fois, il n'hésitait pas à remettre en place le bipède qui faisait beaucoup d'efforts pour l'apprivoiser. Il commençait à connaître ses mimiques, son rire joyeux, sa façon de parler quand il était énervé, ses yeux sombres remplis de fierté quand Nirvana lui obéissait au doigt et à l'œil. Il l'observait souvent, autant quand il s'occupait de lui que des autres pensionnaires. Toujours cette petite pointe de jalousie quand la berger allemand arrivait la langue pendante. Quand son visage s'illuminait littéralement quand sa femme arrivait toute sautillante. Quand il caressait un autre chien sous ses yeux. Peut-être avait-il même remarqué que le confié se renfermait sur lui-même lors de ces moments-là ? Plus agressif, plus dangereux et nerveux.

     L'ancien chien de combat secoua la tête, tentant de se remémorer son maître. Lui seul lui manquait. Pas le propriétaire de ce fichu camping qui l'avait enfermé dans une cage, en attendant le soir pour aller se promener dans la montagne. Une vague de colère s'empara de lui, et d'incompréhension surtout. On disait l'aimer, mais qui enfermait ses proches ? Il se lécha les babines, se demandant quoi faire, mais un bruit sourd attira son attention. Celui d'une violente chute.

    Le plus furtivement possible, il s'approcha, les oreilles en avant, le cœur tambourinant dans sa poitrine. Était-ce un homme ? Non, l'odeur était canine. Il la connaissait, mais ce n'était pas un résident du camping. L'image du chien errant lui parvint aussitôt, et les blessures qu'il lui avaient infligées aussi. Ce redoutable guerrier avait des crocs d'acier, puisque les cicatrices étaient restées durant plusieurs jours, avant de disparaître. Mais que faisait-il ici, à côté du terrain d'agility ? S'était-il amusé à rouler le long de la pente tel un enfant ? Plus rien ne l'étonnait venant de ce mâle étrange. Mais il fallait être fou. C'était presque une falaise …

    Intrigué par l'état de l'autre, Yago trottina, sans chercher à se faire plus discret que cela. L'odeur de sang lui indiqua qu'il était blessé, ce qui relevait de la normalité. Il aperçut l'autre, à la lueur de la lune, qui descendait sans grâce, d'un pas instable. Ils ne pouvaient pas prendre le risque de se rencontrer ici, les campements étaient trop proches. Sans même lui dire bonjour, le malinois l'interpella et donna un coup de tête vers le terrain d'agility :
"Tu veux te faire choper ou quoi ? Viens ici, on sera en sécurité, ils nous chercheront pas là."

    Sans même savoir s'il le suivait, il passa sous un grillage, le portail étant fermé, et s'épousseta, pour évacuer la terre qui s'était logée dans ses poils.

Revenir en haut Aller en bas
Yago
Agressif
Yago
Yago
Messages : 235
Date d'inscription : 10/07/2018
Age : 20
Yago
Dim 27 Jan 2019 - 17:43


The night we met the sky

FT. YAGO

Un caillou glissa sous sa patte, précipitant la tête d'Hamilton droit sur le sol. Son museau s'écrasa douloureusement dans la pente et, trébuchant, il se retrouva de nouveau vautré par terre. Laissant échapper un grommellement bruyant, il s'assit sur son arrière-train pour se frotter le museau de la patte. Stupide pente. Elle pouvait pas être moins raide ? Nan, évidemment, il fallait qu'il tombe sur cette connerie d'escarpement à la limite de l'à-pic. Il se décida à reprendre sa descente plus prudemment.
Il n'était plus qu'à quelques mètres de là où la pente devenait moins raide, concentré sur sa descente ardue.

« Tu veux te faire choper ou quoi ? Viens ici, on sera en sécurité, ils nous chercheront pas là. »

Hamilton fit un bond, surpris. Il manqua de tomber de nouveau, mais parvint à retrouver son équilibre en agitant peu gracieusement les pattes dans tous les sens. Il chercha autour de lui la source de ce qui avait manqué de le faire se ramasser pour la troisième fois, une expression furieuse et assassine peinte sur les traits... Qui se transforma aussitôt en un sourire béat lorsqu'il découvrit le malinois. Il s'apprêtait à bondir vers lui en le saluant joyeusement lorsqu'il le coupa en plein élan en lui tournant le dos pour se casser. Tout simplement.
Hamilton se rattrapa maladroitement près de là où se tenait le malinois quelques instants plus tôt. Il le vit se glisser sous un grillage, et le suivit sans vraiment savoir où il l'emmenait. Il remua la queue avec joie : vu la gueule de leur première rencontre, il était bien possible qu'il essai de l'emmener en plein dans un piège pour le bouffer. Chouette idée. Les fils métalliques lui griffèrent le dos, sensation qui était bien moins agréable que la douleur des ronces se plongeant dans la chair. Vivre enfermé et faire le gentil toutou à son humain, c'était vraiment la merde. Et le seul bipède qui avait su respecter la liberté du kangal l'avait trahi en le cédant plutôt que de lui foutre une balle entre les deux yeux. Hamilton aurait voulu crever de n'avoir pas su garder des moutons. C'aurait été cool.

Il leva les yeux vers l'endroit où il se tenait. Derrière le grillage, bien tristement, il n'y avait pas de fusils, pas de crocs découverts, rien qui ne paraissait en mesure de le tuer dans l'immédiat. Il n'y avait que son pote d'entre-tuerie et un vaste terrain herbeux sur lequel étaient éparpillés des trucs étranges dont la lune éclairait les contours. La curiosité l'emporta, et il s'approcha du premier qu'il voyait, une espèce de grande planche inclinée. Sa truffe capta les odeurs de nombreux chiens. Intrigué, il la renifla et se lécha les narines, se demandant ce que tous ces imbéciles qui étaient passés par là pouvaient bien trouver à ce machin bizarre. Ça sentait la femelle, le mâle, le jeune et le vieux, et puis ça sentait l'Homme aussi, et... Il se redressa brusquement et lança un regard pétillant vers le malinois. Genre, son copain de j'vais-te-tuer il avait fait le caniche là-dessus lui-aussi !

« Tu t'amuses bien avec tes humains on dirait ! Ils te mettent des petits nœuds aussi ? » se moqua-t-il avec un sarcasme plus amical que véritablement méchant. Après tout, question ridicule, il était mal placé pour se foutre de la gueule des autres.


(c) Hamilton
Revenir en haut Aller en bas
Hamilton
Errant
Hamilton
Hamilton
Messages : 55
Date d'inscription : 10/07/2018
Hamilton
Mer 30 Jan 2019 - 21:14
ft.
Mimi
THE NIGHT WE MET THE SKY  


   Yago débarqua à côté d'une poutre d'agility. Celle qui descendait quand notre poids arrivait sur notre partie. Il faisait nuit noire, mais quelques étoiles éclairaient faiblement les lieux. Il était logique que les poteaux avec des petits soleils enfermés étaient éteints, pour ne pas réveiller les touristes. Une légère brise soulevait les herbes hautes qui jonchaient aux alentours du grillage, sans doute pour déstresser les chiens nerveux, qui sentaient les marques de leurs congénères. M'enfin, c'était juste des mauviettes pour avoir peur de slaloms.

    Il avança pour laisser la place à l'autre, qui, s'il se souvenait bien, s'appelait Hamilton, ou un truc dans le genre. Qu'importe. Celui-ci se dégagea dans un grognement, et approcha de la poutre en bois. Il l'observa sentir avec attention les obstacles, remuant la queue joyeusement, très heureux. Sans doute, il semblait l'être tout le temps. Pourtant, la dernière fois, il voulait mourir. Super louche, ce chien. Le malinois s'assit, et fut surpris quand le pâlot se retourna, une lueur taquine brillant dans ses yeux éclairés par la lune. Il aboya, moqueur :
« Tu t'amuses bien avec tes humains on dirait ! Ils te mettent des petits nœuds aussi ? »

     Le confié leva instantanément les babines, et ses crocs luirent. Oui, il avait fait de l'agility, oui il avait grimpé sur cette balançoire, oui il avait rampé dans ce foutu tunnel qui l'avait un peu fait flipper, il fallait l'avouer. Mais qu'est ce que ça lui foutait, à ce pauvre type ? C'était compliqué, il avait refusé de monter sur la palissade, il avait attaqué un berger blanc. Mais qu'il se permette de le juger, c'était autre chose. Un crétin. Et il était si sarcastique, clairement.

     Et c'était quoi ces préjugés ? Il ne se comportait pas comme une bête de concours. Les petits caniches rasés sauf aux pattes, c'était franchement minable. Il n'avait pas même envie de croquer leur chair. Leurs os devaient être moisis, c'était pas possible. Yago s'approcha, et se colla presque au chien qui venait de l'insulter ouvertement. Il prit son inspiration, et répondit très violemment, d'un souffle :
"Nan mais franchement ? T'as vu ta gueule ? T'es même pas capable de grimper là-dessus sans tomber ? Rappelle-moi qui a dégringolé la pente y'a trois minutes ?"

Revenir en haut Aller en bas
Yago
Agressif
Yago
Yago
Messages : 235
Date d'inscription : 10/07/2018
Age : 20
Yago
Dim 3 Fév 2019 - 15:03


The night we met the sky

FT. YAGO

Sa remarque sembla passer en travers de la gorge du malinois. Il avait autant de sang-froid qu'un chihuahua bon sang ! Il avait une susceptibilité encore plus exacerbée que l'agressivité qu'il avait montré le jour de leur rencontre. Il grognait, tout furieux comme un petit chiot à qui on vient de piquer son premier os. C'était trop mignon.

« Nan mais franchement ? T'as vu ta gueule ? T'es même pas capable de grimper là-dessus sans tomber ? Rappelle-moi qui a dégringolé la pente y'a trois minutes ? » brailla-t-il à la face du kangal.

Wow, l'avalanche de questions. Il se croyait à une interview ? Manquait plus que les paparazzis qui s'ameutaient pour prendre en photo le grand Hamilton. Enfin, pour le moment, le grand Hamilton louchait sur la truffe à deux centimètres de la sienne. Il fini par l'y coller, accrochant aux prunelles du malinois un regard glacial et agressif. Ses babines se retroussèrent en réponse à l'autre.

« Touché ! » s'écria-t-il, tout joyeux.

Il ne pu résister et se mit à sautiller autour de l'autre, les quatre pattes bien ramenées sous lui comme s'il rebondissait sur le sol, jetant une incessante répétition de "touché !". Au bout de quelques dizaines de secondes, il se lassa et se secoua tranquillement, comme s'il ne s'était absolument rien passé.

« J'étais en train de chasser. Mais je suppose que tu as jamais fait ça, toi, tu peux pas comprendre. » répondit-il d'une voix tout à fait sérieuse.

Comment ce chien domestique aurait-il pu connaître la liberté, l'euphorie de courir après une proie, de lui rendre l'ultime service de plonger ses crocs dans sa gorge pour l'ôter à la vie ? Lui recevait ses repas dans une gamelle. Il ne savait pas ce que c'était lorsque la faim faisait tourner le monde et flancher les pattes.

« Tu sais quoi ? Si tu me montres comment ce truc marche et que j'arrive pas à faire mieux, je t'aiderais à te barrer d'ici pour aller chasser avec moi un de ces jours. » le défia-t-il.


(c) Hamilton
Revenir en haut Aller en bas
Hamilton
Errant
Hamilton
Hamilton
Messages : 55
Date d'inscription : 10/07/2018
Hamilton
Ven 8 Fév 2019 - 20:29
ft.
Mimi
THE NIGHT WE MET THE SKY  


    Yago se retint de s'énerver encore plus. Cela ne permettrait que de se faire rattraper par les bipèdes. Et si sa cage, sa prison était pourtant dite confortable et spacieuse, ce n'était qu'une honte de l'enfermer. Enfermer un dangereux malinois avec des stupides chiens. Mais c'était compliqué de rester calme, alors que l'autre restait la gueule ouverte, si près qu'il sentait son souffle sur ses poils ras. Et là, dans un aboiement qui tenait plus d'un cri de joie, il s'écria :
"Touché ! Touché ! Touché, touché !"

     Le confié recula instantanément, aussitôt qu'il sentit sa truffe contre lui. Le débile commença à courir partout, tel un gros gamin qui découvrait l'air frais. Il bondissait avec l'agilité d'un lapin, mais sûrement qu'il possédait aussi son cerveau. Mais c'était une honte de partager le nom de sa race avec de tels individus … Une fois qu'il eut dépassé son quota de "touché" pour l'année, il reprit un pas tranquille, et la lueur folle dans ses iris dépareillées disparut, laissant place à du … Sérieux ?
« J'étais en train de chasser. Mais je suppose que tu as jamais fait ça, toi, tu peux pas comprendre. Tu sais quoi ? Si tu me montres comment ce truc marche et que j'arrive pas à faire mieux, je t'aiderais à te barrer d'ici pour aller chasser avec moi un de ces jours. »

   Yago soupira. Il voulait donc aussi faire le caniche ? Soit. Il lui montrerait. Et la récompense était de taille. S'il n'avait jamais chassé, il avait bien mordu et craché des bouts de chair sanguinolente. Bon. Il avança jusqu'au premier obstacle, soit le tunnel. Il se tourna vers l'autre, qui le suivait, avide de savoir, sans doute.
"Ici, c'est le tunnel. Tu passes dedans, et oublie pas de tourner, tu risques de te prendre le plastique sinon."
, le conseilla-t-il, plus par moquerie que par réel peur qu'il tombe. Ca l'arrangerait même qu'il se loupe clairement, pour bien se ridiculiser.

    Il continua sur sa lancée, et s'arrêta devant la palissade. "Il te suffit juste de grimper en haut puis tu redescends. Mais je te préviens, c'est raide … Quoique, vu la gamelle que tu t'es pris tout à l'heure, je pense que pour toi, c'est plat, ça. Et là-bas, c'est un obstacle. Bah, j'pense que t'es assez intelligent pour comprendre qu'il faut juste sauter."


    Le malinois se mit à trottiner, et s'arrêta devant une étrange suite de piquets rouges et blancs posés à la verticale. El famoso slalom. Il intima à l'autre de s'arrêter, et fit une petite démonstration, de deux ou trois virages. Il fit ensuite demi-tour, et apostropha l'autre, pour aller en face de la balançoire.
"Bon, les deux derniers obstacles. T'as le slalom, si t'es pas trop con j'pense que tu as compris. Et la balançoire, bah t'avances et ça penche quand tu as passé la moitié. Voilà. Allez, va donc faire le petit caniche. Si tu y arrives, je t'offrirai le petit nœud rose dont tu rêves tant."

Revenir en haut Aller en bas
Yago
Agressif
Yago
Yago
Messages : 235
Date d'inscription : 10/07/2018
Age : 20
Yago
Ven 8 Fév 2019 - 23:47


The nightwe met the sky

FT. YAGO

Avec un soupir, le malinois entraîna Hamilton devant un espèce de machin ou de truc bizarre, genre un ver de terre géant qui s'est fait évider après qu'on l'ai décapité des deux côtés. On peut dire décapiter en parlant d'un cul de ver de terre ? Bref. Donc, l'autre prononça quelques mots pour expliquer ce qu'était la chose, mais le kangal capta pas grand chose à ce qu'il racontait, parce qu'il était trop occupé à fixer le ver de terre géant. Il suivit ensuite le malinois, qui prenait visiblement son rôle très au sérieux, jusqu'à un grand obstacle en hauteur rouge et bleu. La kangal en était encore à essayer de comprendre la "blague" que venait de faire son acolyte au sujet de sa gracieuse dévalade de pente lorsque ce dernier s'élança au trot. Hamilton lui emboîta le pas en courant sans même savoir vers où, bondissant et remuant la queue avec bonheur. Il le dépassa en trombe, avant de faire volte-face en s’apercevant que le malinois s'était arrêté.
La petite démonstration achevée, Hamilton, tout à sa joie de gagner un nœud rose, se précipita vers ce qu'il pensait être la ligne de départ. Il se précipita si bien qu'il loupa son arrêt, s'emmêla les pattes et s'écrasa la truffe au sol. Il se releva, s'ébroua, se ramassa près du sol et...

Et il bondit en avant. Ses pattes s'arrachèrent au sol, son esprit se concentra aussitôt sur l'obstacle qui s'étalait devant lui. Même le malinois n'appartenait qu'au brouillard diffus d'une trame de fond qui n'importait guère. Pour un instant, plus rien n'existait, et la vie, et la mort, cela ne voulait plus rien dire. Il n'y avait que le boyau obscur qui s'opposait à son chemin, qu'il devait franchir, sans même en voir l'autre côté. La lumière même y disparaissait. Mais il n'avait pas peur. Lorsque l'on n'a plus rien à perdre, lorsqu'on attend la Mort avec bonheur, il n'y a plus de peur. Pas plus que de courage.

La soudaine obscurité fit mal aux yeux du kangal, qui n'avait pas l'habitude de ces brusques changement de luminosité, malgré que la nuit soit tombée. Il ferma les yeux, puisqu'ils lui étaient devenus inutiles de toute façon, et se courba. Il sentait l'étrange matière frôler son dos, ses épaules, bruissant sous le choc de ses pattes qui martelaient le sol. Il était grand. Il avait rarement l'occasion de se rendre compte combien il était grand et large. Il se baissa légèrement, serra les épaules et accéléra l'allure. Il n'aimait pas se sentir ainsi oppressé. Qu'est-ce qu'il foutait là-dedans, déjà ? Ah oui, il faisait le jeu des chien-chiens à mémères. La pensée du petit nœud rose que lui avait promis le malinois lui donna une nouvelle raison d'accélérer, et il se laissa prendre au jeu une fois de plus. Sa truffe heurta le plastique, et, se souvenant des paroles de l'autre, qu'il avait apparemment enregistré dans son subconscient, il effectua à virage en aveugle. Il sentit son oreille frôler le côté opposé, et su qu'il avait suffisamment tourné. Il rouvrit les yeux pour voir un carré d'herbe baigné de lumière nocturne devant lui, et déboula hors du tunnel.
Devant lui se dressait la "palissade", le grand mur pas tout à fait vertical sur lequel il fallait se jeter. Encore une fois, il n'en voyait pas l'autre côté, mais cela lui importait peu. En cet instant, une seule question lui troublait l'esprit. Quels humains étaient assez cons pour pas se rendre compte qu'un yorkshire allait un peu plus galérer qu'un berger allemand ? Nan mais franchement, pour un chien de se taille, c'était aussi facile que s'il avait fallu courser une tortue. Fier de lui et de sa traversée du tunnel, il donna de l'amplitude à sa course, prenant son élan, et ne pu s'empêcher de jeter un regard au malinois pour le narguer, parce que comme ça, en pleine action, il devait être beau gosse.
Le choc lui arracha un cri. Son museau s'écrasa contre la palissade et il retomba en arrière, sonné. Mais quel con ! Il avait même pas fait gaffe à la distance qui le séparait encore de ce fichu obstacle ! Mais bon, fallait l'avouer, il regrettait pas d'avoir crâné. Même si ces deux secondes d’inattention lui avaient valu de se bouffer un truc en pleine face.

Tout fier de lui, il fit demi-tour, prit soin de calculer la distance cette fois-ci, et se lança de nouveau. Son regard vairon ne se détacha pas de la palissade. Il adapta son allure, se ramassa et bondit. Ses muscles libérèrent leur force, comme au temps où il se battait, où il chassait avec la meute. Sauf que là, il était juste en train de faire le fier en s'éclatant — y compris au sens littéral — sur des obstacles pour chiens domestiqués. Ses pattes heurtèrent la palissade avec un bruit sec, son poids la fit frémir. Il n'eut guère de difficultés à en atteindre le haut, mais, au moment de descendre, il se prit la patte arrière dans son sommet et s'entrava. Il tomba lourdement et peu gracieusement au sol, mais parvint à rétablir son équilibre en une seconde et continua le parcours sans plus songer à la douleur qui pulsait dans son museau.

Hamilton se retrouva face au petit obstacle. Le malinois lui avait dit qu'il était assez intelligent pour savoir qu'il fallait sauter. Le genre de compliment dont on le gratifie rarement. Un véritable exploit. Il avait tout de même prit soin de placer dans sa phrase la façon dont fallait faire, au cas-où. Un vrai pédagogue ce chien.
Le kangal fonçait donc vers l'obstacle, et s'il venait de se casser la gueule d'une presque-falaise et de se bouffer une planche dans la tronche, il n'avait pas dans l'idée de ralentir sa cadence. Au contraire, il fonçait comme un débile vers la petite barre, au risque de s'emmêler les pattes dedans. Pourtant, arrivé devant, il pila brusquement, et le franchit d'un saut de puce bien plus haut que nécessaire. Juste parce que c'est marrant. Et, toujours ravi de son parcours plus que massacré, le kangal reparti dans sa course effrénée.

Le chien était à présent en train de se ruer vers une série de piquets. Il redressa les oreilles au souvenir du malinois en train de lui faire la petite démonstration. C'était marrant de voir ce grognon faire des zigzags avec son air tellement blasé. Le kangal ne décéléra pas, et — à sa grande surprise — passa le premier piquet sans le moindre mal. Il l'effleura à peine, malgré sa large carrure. Pour une fois qu'il se bouffait pas un truc entre les deux yeux ! Avec un sublime déhanché, il passa le suivant, sans heurt une fois de plus. Un exploit ! Tout à sa joie, il virevolta autour du troisième, puis du quatrième, et encore, et encore. Le dernier piquet disparu le long de son flanc, sa queue le frappa en battant, comme en signe de dédain pour cet obstacle si facile.

L'obstacle suivant n'était plus très loin. C'était la fameuse planche inclinée qu'il avait découvert en premier. Il ne savait pas trop à quoi s'attendre, il savait simplement qu'elle allait basculer, selon les dires du malinois. Mais il n'avait ni le temps, ni l'envie de ralentir. Il bondit dessus, et se retrouva au bout en quelques bonds. Il eut un instant de surprise lorsque la planche s'affaissa sous son poids, plongeant vers le sol à une vitesse vertigineuse. Presque autant que quand il se jetait d'une falaise par erreur. Le choc fut assez brutal, et il vacilla quelques peu, mais il ne réfléchissait plus — de toute façon, ça lui arrivait rarement — et fonçait déjà vers la suite.

Il releva le museau, et s'aperçut qu'il ne restait devant lui plus qu'un espace vide. Quoi, déjà fini ? Il n'avait pas envie de s'arrêter. Sa langue pendait de côté, ses flancs se soulevaient au rythme d'un souffle rapide, ses muscles ressentaient encore la tension de la chasse et du parcours, son museau la douleur du choc, sa chair la brûlure des égratignures. Mais non, il ne voulait pas s'arrêter, parce qu'il avait encore de l'énergie à dépenser. Parce que, pour une fois, il avait la tête ailleurs qu'auprès de la Mort, auprès de Surprise — même s'il sentait toujours sa présence fantomatique, et qu'il aurait tant espéré ne pas être imaginaire, qui le frôlait et le portait. Non, cette nuit, il était un peu vivant.
Il passa à fond de train devant le malinois, et ne s'arrêta pas, força encore l'allure, allongea les foulées, fonça, fonça sur un tour de terrain, puis deux. Enfin, à bout de souffle, il revint auprès de son acolyte et s'effondra dans l'herbe, plongeant dans ses yeux son regard empli de fierté, et d'une forme de sarcasme. Il n'avait pas besoin de mots, il savait que l'autre avait compris. Il attendait son petit nœud rose.


(c) Hamilton
Revenir en haut Aller en bas
Hamilton
Errant
Hamilton
Hamilton
Messages : 55
Date d'inscription : 10/07/2018
Hamilton
Sam 9 Fév 2019 - 12:03
ft.
Mimi
THE NIGHT WE MET THE SKY  


  Yago s'assit lourdement au départ du parcours d'agility, et observa le mâle qui se concentrait. On aurait presque pu voir la fumée qui sortait de ses oreilles tant il réfléchissait. Puis, sans crier gare, il bondit puissamment, et ne prit pas même le temps de ralentir quand il passa le tunnel. Le crissement de ses griffes contre le plastique indiqua à Yago qu'il ne s'était même pas pris la truffe en plein dans le virage. Au bout d'un temps minime, il sortit, la queue battant joyeusement. Ses foulées étaient très longues, et surtout très rapides, mais il osa narguer le confié, qui lui rendit un regard blasé. Qui s'illumina légèrement quand l'autre se prit réellement la palissade dans la gueule. Autant regarder le chemin plutôt que de se la péter.
   
   Ceci dit, le pâlot ne prit pas la peine de s'énerver, et malgré un gémissement de douleur, il revint avec autant de rapidité que la dernière fois. Mais il se concentra sur son objectif et franchit l'obstacle sans plus de mal, et arriva devant la barre à sauter avec une vitesse folle. Le malinois le dévorait littéralement des yeux, et se prit à sourire quand l'autre pila. Pour finalement faire un bond plus que ridicule, qui sembla énormément l'amuser. Il s'élança vers le slalom, et, il dût bien se l'avouer, il réussit haut la patte. Même si les piquets sentaient son passage et se tordaient presque parce qu'il les frôlaient, il ne se loupa pas.

   La palissade l'intriguait peut-être un peu plus. Mais malgré les conseils de Yago, il ne s'arrêta pas même à la moitié du chemin, et fut très surpris quand la balançoire s'affaissât. Mais il passa sans encombre, et Yago en fut très déçu. Il aurait tellement voulu qu'il ravale son regard moqueur. Mais le parcours était … Fini ? Pourtant, l'autre continuait autour du terrain, passa à côté de lui, mais ne s'arrêtait pas. Il fonçait comme un forcené, comme un gros gamin ridicule. Les iris sombres du malinois le suivirent du regard, alors qu'il finit par se poser. Et s'allongea misérablement dans l'herbe, soutenant son regard.

    Le confié se remit debout, et s'ébroua. Quelques grains de poussière s'éparpillèrent, et allèrent aussi se déposer sur le corps égratigné et essoufflé de l'autre. Parce que c'était du sport mine de rien. Il l'interrogea, narquois :
"Mais dis-moi, même les caniches ne soupirent pas aussi bruyamment que toi."

Son regard méprisant se posa dans celui crevé, mais heureux de l'autre :
"Tu as de l'avenir dans la compétition. Viens plus souvent, j'pense que les humains seront ravis de t'avoir sous la main pour gagner des prix. Et là-bas, tu trouveras peut-être un ruban rose."

Revenir en haut Aller en bas
Yago
Agressif
Yago
Yago
Messages : 235
Date d'inscription : 10/07/2018
Age : 20
Yago
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Page 1 sur 1
Sauter vers: