Scuderia - Crocs d'aciers et coeur en mousse

SCUDERIA

« Vitesse, Force, Précision »

MENTAL & CARACTÈRE

Agressive - Possessive - Blessée - Rancunière - Triste - Courageuse - Intrépide - Forte

Ce qu'elle aime par dessus tout, c'est la vitesse, les sensations fortes, l'adrénaline. Si elle avait pu choisir le jour de sa naissance, elle aurait voulu être un lévrier. Être plus légère, plus élancée, plus rapide. Elle ne vit que pour ça et chaque fois qu'un chien ou un homme se met à fuir, c'est toujours la même chose. Comme un bouton sur lequel on aurait appuyé, le mécanisme s'enclenche. Elle veut le courser, le rattraper et lui faire mal. Pour qu'il se souvienne à jamais qu'elle l'avait rattrapé, qu'elle était plus rapide et qu'il avait perdu.

Dressée pour garder un jardin de tout être vivant, la jeune Rottweiler ne lésigne pas sur les aboyements et les grondements chaque fois que quelque chose bouge dans son champ de vision. Un homme, un chien, un chat, un oiseau, un brin d'herbe. Quoique... faut pas exagérer. Elle est agressive et possessive, pas complètement stupide. D'ailleurs, elle n'est pas méchante non plus, tant que l'on reste hors de son territoire et qu'on ne s'en approche pas trop près. Durant les balades et autres sorties, elle se montrait bien plus ouverte et plus agréable, même si elle n'en restait pas moins une chienne assez froide, distante et peu engageante à la conversation. Durant les trois premières années de sa vie, elle adorait les humains tant que ceux-ci ne pénétrer pas contre la volonté de son maitre dans son domaine. Maintenant, elle les hait. Elle les déteste pour ce qu'ils lui ont fait. Pour ce qu'il lui a fait.

Depuis son abandon, elle est agressive avec tout le monde, distante et mauvaise, mais ce n'est que pour se protéger de l'abandon. Le premier lui à fait si mal, si mal... Maintenant elle ne veut plus s'attacher, elle ne veut plus d'amis, plus de famille capable de la trahir et de la blesser. Elle veut des distances et elle en mettra avec tous ceux qui osent s'approcher d'elle et de sa peine. Aujourd'hui, elle n'est plus guidé que par la peur : la peur d'être abandonné, la peur de décevoir, la peur du jugement des autres. Tant de peurs en elle…

HISTOIRE

Durant les deux premières années de sa vie, son maitre l'a dressé pour faire d'elle un chien de défense, capable de se jeter sans ménagement sur le moindre intru ayant l'audace de pénétrer son domaine. Durant deux ans, elle s'est appliquée à la tache, faisant de son mieux pour satisfaire son maitre et pour devenir toujours plus rapide, toujours plus forte, toujours plus endurcie. Après des journées à renverser les humains et à déchirer du tissu, elle se sentait comme la maitresse du monde ; imbattable, indomptable, intransigeante. Elle aurait pu piétiner n'importe quel intru sans même s'essoufler, du moins, c'est ce qu'elle croyait... Après avoir consacré deux ans de sa vie à un entrainement intensif, Scuderia avait l'impression d'être la chienne la plus puissante d'Orcière-sur-Val. Durant les mois qui suivirent, personne n'osa s'approcher de trop près du jardin, prenant aux mots l'inscription « Attention chien méchant » placardé sur le portail en fer. Ses grondements et aboyements sauvages éloignaient les plus téméraires qui osaient jeter un coup d'oeil entre les interstices pour apercevoir la bête à la gueule noire et fauve, la chienne des enfers. A chaque individu éloigné, son orgueuil et son égo déjà démeusuré ne cessaient d'accroitre. Elle était une reine gardant son royaume d'une patte de fer, jusqu'au jour où tout bascula.

Un soir, alors que la pluie martelait les gouttières trouées et peu aux normes de son piteux abris d'extérieur, un grincement tira la chienne de son sommeil léger. Relevant aussitôt son regard sombre sur le jardin, elle aperçu trois silhouettes noires s'approcher de sa maison. Les volets étaient fermés, pas une lumière ne filtrait de l'intérieur. Son humain était partit un week-end et lui avait laissé la garde du royaume, et son territoire venait d'être souillé par ces trois individus. Jaillissant des ombres comme un démon, la chienne aboya sa rage en se jetant sur le mollet de l'homme qui venait de briser une vitre avec un gros bâton noir et argent. Pour la première fois de sa vie, Scuderia pouvait planter ses crocs dans de la véritable chair et non plus les tissus mous et fragiles du camp d'entrainement. Là, elle pouvait sentir ô combien elle était puissante. Le hurlement de douleur qui suivit lui tira une certaine satisfaction. Il avait certainement compris la leçon, ils allaient partir et elle aurait bien défendu son jardin. Son maitre viendrait lui taper le flanc et lui donnerait un bon morceau de steak en récompense. Rien que d'y penser, elle en salivait déjà sur la plaie qu'elle venait d'ouvrir sur la jambe de l'humain.

Soudain, alors que la victoire lui montait à la tête, la matraque qu'il tenait dans la main s'abattit violemment sur sa hanche, lui faisant lâcher prise et couiner. Elle en avait reçu des coups, lorsqu'elle était petite pour la réprimander, puis en entrainement pour l'endurcir, mais jamais son humain ne l'avait frappé aussi fort. Sa patte arrière la lancer si fort qu'elle pouvait sentir son cœur palpitait dans son muscle. Rapidement, la matraque se multiplia. Il y en avait deux, non trois ! Les coups pleuvaient et Scuderia hurler de douleur, mais surtout de rage. Comment osaient-ils s'en prendre à elle, la reine de ces terres, la plus forte de toutes les chiennes ? Ne pouvant plus supporter la douleur, elle dû se contraindre à la plus grande humiliation de sa vie : prendre la fuite. Se dégageant des coups, elle fila aussi rapidement que le lui permettaient ses membres blessés et se tapit dans un coin sombre de son abris, attendant que le temps passe.

Il lui sembla attendre des heures avant que les trois hommes ne quittent la maison après avoir fait de nombreux aller-retour vers leur monstre rugissant. Le soleil se levait à peine, et peu de temps après, son bipède rentra à la maison. Toute penaude et bien consciente de sa défaite, Scuderia sortit de son abris pour venir s'accroupir devant son maitre. Elle l'avait déçu, elle le savait, mais elle avait fait de son mieux pas vrai ? Il pouvait le comprendre non ? Il rentra rapidement dans la maison, ses hurlements lui parvenait jusque dans le jardin. Finalement, il ressortit et s'approcha d'elle d'un pas lourd. Scuderia se replia sur elle-même, s'attendant à être punie comme autrefois mais rien ne vint. Au contraire, la main de son maitre glissa sur son corps meurtrie comme s'il analysait la gravité de ses blessures. Alors il lui avait pardonné ? Agitant le petit moignon qu'il lui sert de queue, elle se détendit. D'un geste, il l'invita à grimper dans le monstre, certainement pour l'emmener chez le vétérinaire. Il l'amenait toujours là bas lorsqu'elle se blessait en entrainement. Se couchant sur le sol froid de son trafic, elle attendit sagement d'arriver.

La route lui sembla longue. Très longue. Trop longue. Finalement, le coffre s'ouvrit et Scuderia sauta à terre dans un glapissement de douleur. Ses muscles étaient si douloureux... Observant son environnement d'un œil air songeur, il lui fallu plusieurs secondes pour réaliser. Ce n'était pas le vétérinaire, c'était une forêt. Elle n'était pas sûr qu'elle soit en état de faire une balade... Se tournant vers son maitre pour lui signaler qu'elle n'avait pas envie de sortir, elle pencha la tête sur le côté en le voyant grimper dans le monstre. Hé, où tu vas ? Le monstre rugit et la chienne aboya, soudainement paniquée. Mais attend ! Il n'allait quand même pas partir sans elle ? La voiture démarra en trombe et Scuderia tenta de la rattraper, mais ses muscles la faisaient trop souffrir pour ses habituelles courses folles. Après quelques mètres à peine, elle ralentit et regarda le monstre ne devenir plus qu'un point noir à l'horizon.

Elle avait fait de son mieux... elle avait fait de son mieux... La tête basse et le cœur lourd de chagrin, elle ne cessait de se le répéter.

Elle avait fait de son mieux...

Relevant son regard, la tristesse de ses sombres prunelles se mua en lueur de haine pur. Puis, son cœur brisé se transforma lentement en glace...