A la croisé de nos étroits sentiers.

La matinée s'annonçait à peine lorsque le moteur de la voiture rompit. L'Astre dorée avançait pas à pas dans le ciel, alors que celui plus pâle était encore visible. Nirvana regarda un instant encore la toison azur, puis Pierre lui ouvrit la portière arrière, avant de la détacher du siège auto sur lequel ses fesses reposaient depuis le matinal départ.

La chienne descendit aussitôt, déjà équipé de son précieux harnais ébène. Elle aboya légèrement sur son humain, remuant la queue pour prouver son enthousiasme quant à l'idée de la fraiche promenade. Celui-ci répondit joyeusement, fermant la voiture à clef après avoir la laisse, la déposant délicatement sur son épaule : sa berger était loin d'en avoir besoin, mais parfois les autres maître ne pouvait contenir leurs chiens et alors, inévitablement, il devait la reprendre avec cette longe noire.

Enfin, Nini partit directement devant, jetant quelques coups d'oeil rapides à son bipède : celui-ci paraissait, détendu et déterminé à avancer lentement dans les bois profitant du moment calme de sa futur mouvementé journée. Il bailla hagar, puis retourna le regard sur Nirvana, qu'il incita à avancer.

Il n'en fallut pas plus pour la jeune : celle-ci s'élança dans les bois, trottinant aux milieux des arbres verdoyants, ses pattes caressées par l'herbe froussardes dissimuler entre la végétation plus dense du lieu. Puis soudain un léger fumet lui parvint au museau . Un petit lapin obèse se trimballait dans la forêt : elle se mit de suite à le traquer, avant d'enfin l'apercevoir.

Celle-ci commença dès lors une course effréné avec l'animal à la fourrure brune. Ses pattes touchaient à peine le sol, suivant sa "proie" de près. Elle arrivait avec une facilité étonnante à anticiper ses mouvements d'esquives et gagnait peu à peu l'avantage : plus qu'une foulée et..


Sans qu'elle s'en rende compte la petite berger était revenue sur le sentier des hommes de la forêt escarpé : ses pattes avaient foulé la terre battue avant de couper la route à son bipède domestique : et désormais devant elle, non seulement le lapin, mais aussi un autre couple canin !

La chienne marqua un arrêt net et fit demi tour en direction de Pierre, oubliant instantanément son amusant. Elle souffla, sortit la langue de sa gueule pour mieux haléter, puis reçut une petite caresse de l'homme, pour avoir obéit de la sorte. Elle entendit alors un bruissement sortir des lèvres de l'éducateur en direction de l'inconnue, puis aperçut alors l'autre chien.

Elle tourna légèrement la tête, replaça ses oreilles en direction du toutou, puis sentit la laisse s'attacher à son harnais avant qu'elle ne puisse dire son mot. Elle roula légèrement des yeux, puis lâcha amicalement en direction de l'autre :

"-Bien le bonjour."

Le sable la salue à son tour, comme pétrifiée, puis tout doucement commença à avancer vers elle, prenant comme un détour pour y parvenir. La chienne écarquilla légèrement les yeux, mais n'avança pas plus.

Un léger cliquetis métallique lui fit lever la tête : Pierre venait de détacher sa laisse, tout en lui indiquant vocalement un "Doucement". La petite chienne ne comprit pas la signification de ce mot, mais le ton particulièrement calme et apaisé de son maître signifiait sûrement qu'il faudrait être "Doux" ? Comme à son habitude en soit. Du moins, c'est ce qu'en déduis la fauve.

Dès lors, Nirvana ne bougea pas de sa place, une vraie statue canine. Elle scruta avec attention la mâle, qui était, proportion gardé, au moins aussi gros qu'elle et sûrement plus grands. Son pelage était décoloré et mis-long, il présentait une selle sur le dos, comme elle. A cette pensée un petit sourire remua sur ses babines.

Il présentait des yeux marrons foncé, et... Elle était sûre de l'avoir aperçut, une ou deux fois, Peut-être au camping ? La chienne ne put vraiment l'identifié plus que ça, alors elle reprit la discutions, comblant le vide d'une voix sereine :

"- Nirvana, et toi ?"

Le chien crème la fixa l'histoire d'un instant, un air indescriptible collé à la gueule, enfin tout comme beaucoup des chiens qu'elle rencontrait. Puis d'une voix masculine, il sortit de son mutisme, s’arrêtant brièvement pour dialoguer :

"Aldeï."

Puis le fameux croisé tourna légèrement la tête son visage semblant s’animer d'une "joie" - ou autre émotion - puis reprit la parole :

"-Tu es célèbre, dis donc. Je n'ignorais pas ton nom."

Nirvana ne comprit pas de suite l'humour, son sourire retomba brutalement, ses yeux butèrent le sol brute de la forêt épaisse. Elle cherchait le vide du regard ; c'est ainsi qu'on la connaissait " Nirvana, chienne de Pierre". Sa seule appartenance et existence, aux yeux de beaucoup, était régi par son maître.

Pire encore, tous semblaient l'avoir associé à lui, à ses cours et son métier d'éducateur. Peut-être comprenait elle facilement certaine chose, mais elle n'en restait pas moins un chien tout à fait banale. Chose qui la blessait sûrement, comme si continuellement on enfonçait le couteau dans la plaie : Non, même sans son éducateur, elle existait.

C'est ainsi que dès fois, lors de ses promenades solitaires, lorsque ses maîtres étaient tout deux occupé avec canidés ou humains, elle pensait secrètement qu'elle aurait préféré rester simplement "Jazz" et définir les lois de sa propre vie, sans "célébrité" - bien grand mot -. Enfin, la chienne se secoua, chassant ses idées absurde de son esprit, se remémorant ce que l'autre canidé venait de dire.

Son esprit tilta enfin la pointe d'humour - qui pour certain aurait pu relever du sarcasme - et elle reprit alors par un légé rire, relevant ses yeux qui se voulaient plus pétillants plus que brumeux :

"- Enchanté dans ce cas ! Enfin, plus lui que moi j'éspère."

Releva t-elle, le sourire recollé maladroitement sur ses babines, en pointant du bout de la truffe son maître qui discutait avec l'humaine d'Aldeï.

"Je suis désolé, ai-je dit quelque chose de travers ?"

La jeune chienne l'observa; il avait remarqué alors ? Ses yeux pétillèrent légèrement tandis que sa tête entreprenait un mouvement fluide allant de gache à droite pour lui signifier que non, il n'avait rien dit de blaissant : c'était peu être juste elle qui était à cran. Elle s'étira légèrement puis écouta d'une oreille distraite les nombreux échanges.

"Une balade avec moi, cela ira, pas trop difficile ?"

Nini échappa un petit rire étouffé, puis seulement osa le regardé dans les yeux, une pointe de malice luisant dans les siens. elle prit un ton plus enjoué, puis enchanté à l'idée de continuer son petit rituel matin en compagnie d'une nouvelle connaisance répondit :

"Hue, j'ai bien peur que ça ne soit insurmontable."

Elle avança alors légèrement tout en détaillant le chien une énième fois. Si il ce serait mieux connues, enfin dans ses rêves du moins, elle lui aurait sûrement toucher l'encolure du bout de la truffe pour signifier son amitié. Mais bon, ne venait il pas de se rencontrer ? La berger, tout en marchant calmement à l'ombre des arbres émeuraude lui demanda alors :

"Tu te promène souvent par ici ?

"Oui, assez souvent. On habite à côté, c'est agréable. Et toi ?" *

Nirvana le regarda, elle ? Tout dépendait de l'humeur de Pierre, il adorait sortir, mais toujours dans des lieux différents, il y en a tant à explorer... Mais à vrai dire ils arpentaient tout de même régulièrement la forêt, proche et jolie, l'endroit avait tout pour plaire aux citadins autant qu'aux vacancier du coin.

"Régulièrement, c'est jolie par ici."

La petite femelle eut à peine le temps de finir sa phrase qu'un léger coup -amorti par la tonne de poil qu'elle avait- secoua son épaule. Étonnée, elle releva légèrement l’échine, regardant avec curiosité l''autre berger qui se tenait devant elle, dans une posture bien drôle, dont la signification était connue de tous.

Nini hésita, d'un naturel tranquille et posé, joué ne faisait pas partit de son vocabulaire courant... Mais et si pour une fois ? Après tout Aldeï semblait sympathique... Il n'en fallut pas plus pour que Nini le suive dans son espèce de jeu : elle s'élança d'un bond vers le blanc, l'interpellant d'une voix étonnement posé :

" Vraiment ?"

Assez rapidement, quand elle fut arriver non loin du plus grand, elle lança sa patte avant droite vers le visage pâle de l'autre, se redressant sur ses pattes arrière pour lui donner plus de vitesse, plus de hauteur, dans l'optique de lui donner une espèce de petite tape sur les oreilles. Il croyait vraiment qu'elle allait le laisser gagner comme ça ?

"Pourquoi pas ?"

Le sable échappa de peu à ses pattes, pourtant lancé avec vitesse. Il démontra une certaine souplesse et s'écarta avec tout autant de panache, l'air assuré. Puis il y eut un battement - ce moment sembla durée une éternité - puis plus plus claire se redressa, l'attention capté par tout autre chose.

C'est ainsi que le berger fila, vente à terre, partant derrière la petite chienne. Nirvana, étonné se releva légèrement et observa à son tours, alors que l'autre avait déguerpis pendant que son maître commençaient déjà à beugler, devinant la suite des évènement.

C'est seulement que la berger perçut l'effluve soutenue d'un animal bien connue : un Chevreuil ?  Aussitôt, elle s’élança à toute vitesse dévalant à son tour la forêt. Elle se retrouva vite à deux ou trois longueur de queues du berger, suivant le bruit qu'occasionnait la course. Alors, sprintant à son possible elle souleva une légère question à l'insu de sa toute nouvelle connaissance :

"J'vais à droite."

Elle dévia alors vers la direction, s'écartant un petit peu de la poursuite mais ayant toujours la cible en vue, et si ils arrivaient à coopérer ?