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« Just let me die... »

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Mar 5 Mar 2019 - 23:00


Let me die this time

FT. YAGO

Le clair de lune faisait courir des reflets argentés sur le poil clair du demi-loup, lui donnant un aspect presque fantomatique. Impression que renforçait son air absent, sa démarche lente et sans but. Son regard se perdait dans le lointain, ne contemplait que l'infini du vide, éteint, mort. En fait, son air spectral ne reflétait que la plus profonde vérité de son cœur : il était mort. Mort là-dedans, là où ça brûlait, là où ça ne battait plus vraiment. Là où l'absence était plus cruelle que ses propres crocs lorsqu'ils transperçaient la chair. Il subsistait si misérablement. Sans elle, il n'était rien. Plus rien. Plus jamais. On lui avait arraché une part de lui, et il ne serait plus jamais entier. On lui avait volé la vie sans lui offrir la mort. Sa mort. Quelque chose qui n'appartiendrait qu'à lui, enfin, quelque chose qui le bercerait pour le plonger dans un sommeil sans rêve. C'est quelque chose de si personnel, une mort. Un petit bout de secret que chacun porte en lui, jusqu'à la fin. Quelque chose qui se cache face à la vie, quelque chose que tant haïssent sans la connaître. Mais, lorsque la vie nous abandonne lâchement, nous laisse seul et désemparé après nous avoir si longtemps porté, lorsque ce si brusque sevrage advient... La mort devient notre dernière compagne. La seule qui soit fidèle. Pourquoi déteste-t-on tant la mort ? Elle est pourtant si douce. Elle nous ferme les yeux lorsque la douleur devient trop forte, elle nous emmène là où plus rien ne pourra jamais nous blesser. Ce n'est pas elle, qui nous vole ceux que l'on aime. C'est seulement leur vie qui s'est enfuie devant leur souffrance. Elle n'a pas été assez brave pour rester. Pas assez brave pour les protéger. Alors elle les a abandonnés à jamais.
Hamilton, il a été abandonné par sa vie il y a bien longtemps. Il a souffert, tant souffert que même sa mort semble avoir pris peur. Elle n'est pas venue. Peut-être n'était-elle pas prête ? Lui l'était. Il le serait à jamais. Chaque instant, chaque souffle, chaque battement de son coeur meurtri attendait que sa mort le drape de son chaud linceul. Comme un chiot apeuré, sa petite âme avait besoin qu'on la réconforte, qu'on la berce, qu'on l'endorme. Enfin.

La neige qui blanchissait les plus hauts sommets ne lui rappelait que trop bien la douce fourrure d'une louve qu'il avait jadis trop aimé. Lorsqu'il fermait les yeux, il la voyait encore, et son sourire angélique, et son regard pour lequel il aurait bravé le monde, et sa voix qui murmurait à son oreille. Il pouvait même la sentir contre lui, la chaleur de son pelage qui se mêlait au sien, la tendresse de son flanc pressé contre son dos. Les délices de son museau blotti contre son menton. Mais lorsqu'il rouvrait les yeux, il ne voyait, indéniablement, que la solitude qui l'entourait. La froide brise qui agitait son poil épais, glissait le long de son corps meurtri. Alors, il couvrait son museau de sa large patte, et, en silence, il pleurait.
Il pleurait son amour perdu, qui ne l'avait même jamais aimé. Il pleurait sa mort qui se refusait toujours à lui, comme une amante joueuse. Il pleurait la vie qu'il avait aimé, du temps de ses jeux enfantins. Il pleurait sa douleur. Jusqu'au petit matin, jusqu'à ce que ses larmes se tarissent et que le sommeil l'emporte.


(c) Hamilton
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Hamilton
Sam 9 Mar 2019 - 19:20
ft.
Mimi'
Just let me die …


  Il souffrait. Il en avait plus que marre, de cet endroit, de l'odeur insupportable des autres, des feux de bois, de la pomme de terre si croustillante dont les bipèdes, surtout les plus jeunes, raffolent. On distinguait, dans la lumière noirâtre de la nuit, éclairée par une lune lointaine, un chien. Roulé en boule, dans un fond d'enclos, sur l'herbe humide, tentant de disparaître. De l'autre côté du mur se tenaient les canidés endormis, ou ceux qui bavardaient doucement, sans réveiller leurs congénères. Lui, il était seul, face aux enclos où quelques arbres affrontaient le froid, de leurs branches nues, si fragiles, futiles. Tentant de s'échapper dans le beau monde des rêves, ou des cauchemars. Qu'importe, tant que son esprit pouvait respirer, se relaxer un peu, quitter ces ténèbres qui l'empêchaient d'être heureux.

  Lui, on s'en fichait, il n'était que l'ombre au tableau, que le vilain petit canard parmi les clébards de race, les beaux toutous de concours, ceux qui gagnaient l'agility. Il ne servait qu'à effrayer, tel le loup avec les petits agneaux. Il devait subir la joie à côté de lui, l'enthousiasme des autres, leurs discussions enjouées, alors que lui, il errait, tantôt gagné par la colère et par la déprime. C'était dur, plus dur et fatiguant que ses combats, parce que là, c'était mental. Les blessures, ça se pansait, elles se refermaient et laissaient place à des cicatrices qui intriguaient, ou effrayaient. Mais là, c'était comme une main glacée, qui tournait et retournait sans cesse la triste vie qu'il était. Sans jamais lui laisser de répit. Son cerveau menaçait d'exploser, quelques fois les bipèdes disaient qu'il perdait la tête. S'il les entendait, il ne grognait plus à leur approche, seul Pierre et un vieil employé chassait les jeunots intrigués par ce chien fou dont il ne restait qu'une ombre. Ils prenaient soin de lui, lui donnaient des croquettes dont il n'en mangeait que deux ou trois. Parfois, un biscuit, pour ne pas qu'il maigrisse, mais il le grignotait pour le laisser presque en entier. Les promenades avec le brun l'emmerdaient plus qu'autre chose, il ne voulait que la paix. Il voulait simplement qu'on le laisse tranquille, qu'on le libère, qu'il n'existe plus.

   Une brise légère apportait toutes les odeurs familières qu'il avait appris à décrypter et à détester. Il n'aimait plus personne. Ni même son maître qui ne venait pas l'arracher à cet enfer, pour l'emmener dans un monde où être mal dans sa peau était normal, où il pourrait devenir de nouveau cette bête folle et crainte, pas ce chien de foire qui intéresse tout le monde par son changement de comportement étrange. Là-bas, dans ce sous-sol où il dormait avant de se battre, sa vie était simple. Il savait où était sa place, il savait se battre et était parfaitement heureux.

  Un relent étranger s'immisça dans son museau, et il ouvrit faiblement les yeux, tellement changé par rapport à avant. Ses iris sombres analysèrent la situation, et il vit une silhouette aussi pâle que la lune se planter devant lui. Il connaissait cet animal, il l'avait déjà rencontré par deux fois. C'était le chien dans les bois, son compagnon de combat et d'agility. Autrefois, il se serait levé, et se serait approché avec mépris, tout en le jugeant. Là, il ne se redressa pas même, mais n'abaissa pas ses paupières. L'autre n'était pas si idiot que ça. Il comprendrait qu'il avait affaire à un fantôme d'une autre vie.

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Yago
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Mer 13 Mar 2019 - 18:10


Let me die this time

FT. YAGO

Hamilton redressa vaguement la tête lorsqu'un aboiement aigu violenta son oreille. Lui qui connaissait par cœur le silence des montagnes, le bruissement de la neige sous la patte, le murmure des battements d'ailes d'un rapace prenant son envol et le hurlement du vent dans les hauteurs aurait pu s'étonner d'un son si peu familier s'il n'avait pas été si las. Son regard parcouru mollement les alentours, effleurant sans grand intérêt le paysage déformé autour de lui. Les grands enchevêtrements métalliques des grillages grinçaient quand la brise les poussait, et remuaient faiblement, menaçants, écrasants. Les murs impassibles et silencieux, à la blancheur mortuaire, semblaient les toiser dans leur calme froideur. Des odeurs piquantes agressaient ses narines, nauséabondes, humaines, mêlées ici et là à des senteurs de nourriture qui se mêlaient les unes aux autres de telle façon qu'elles en devenaient écœurantes. Cela n'avait rien à voir avec la saveur chaude et sauvage d'une proie encore palpitante. Mais plus encore, sa truffe humait les parfums de centaines de chiens passés par là, embaumés des odeurs qui laissaient sur eux leurs maîtres. A en donner mal à la tête.
Pourquoi était-il venu ici ? Pourquoi ses pattes l'avaient-elles dirigées près des Hommes qu'il haïssait tant ? Dans d'autres circonstances, il aurait songé que la soif de vengeance l'avait emporté et que son esprit, sa conscience si incohérente et étrangère à son être, n'avait pour autre dessein que de raviver en lui l'attrait du sang, de la mort. Jeter à la poussière tous les misérables qui oseraient se dresser sur son chemin, chiens ou pas, et anéantir les existences narquoises de ses bourreaux humains. Leur simple vision n'était là que pour lui rappeler qu'il ne vivait plus, qu'ils l'avaient trahi, brisé, abandonné. Leur rire était un outrage à son existence toute entière. Ils l'insultaient à chaque souffle qu'ils expiraient. Jusqu'au dernier. Parce que lorsqu'ils expiraient pour la dernière fois, eux mourraient et lui était toujours en vie. Eux obtenaient ce qu'il avait tant désiré. Ils les haïssaient. Il haïssait la vie, la mort, tout ce qui était en vie et tout ce qui était mort.

Il s'arrêta brusquement. En face de lui, derrière un grillage argenté, une boule de fourrure blottie sur elle-même se mouvait doucement au rythme d'une respiration qui paraissait presque endormie. Régulière, paisible. Une effluve canine bien connue l'entourait, et c'était bien la seule chose qui lui était familière chez cet animal prostré, silencieux. Il avait dans ses souvenirs la vision d'un chien bien différent, d'un animal plein de rage, dressé, fier, pas de cette créature mutique et presque fragile. Et cette vision l'accabla plus encore. Parce que, lui aussi, il était mort comme ça. Lui aussi, il avait été féroce et superbe. Et ça semblait si vide et insignifiant maintenant... Et, en cet instant, il comprit pourquoi il était venu jusque là. Quel était cet appel qui l'avait enlevé à ses paisibles montagnes pour l'attirer jusqu'ici. Il se sentait seul. Terriblement seul.

Il fit quelques pas en avant, étrangement lourds, étrangement silencieux. Son museau aurait presque pu toucher le treillis du grillage. Il croisa le regard sombre du malinois, et ni l'un ni l'autre ne semblaient étonnés de se retrouver ainsi. Et ni l'un ni l'autre ne paraissait plus vouloir vivre.

« On est tous fous, hein ? » murmura-t-il, le regard éteint, en s'asseyant.


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Sam 16 Mar 2019 - 19:27
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Les ombres sombres et menaçantes des pins se balançant au rythme du vent se déplaçaient, tels des esprits tourmentés. Le regard de Yago s'attarda dessus, et il se risqua à croiser le regard de l'autre, attendant une quelconque remarque amusée de ce fou. Or, sous sa peau abîmée, sous ses yeux colorés, le cœur ne semblait pas prêt à jouer. Le tristesse qui émanait de lui, de ce chien dont il ne connaissait pas le nom lui retourna l'estomac, et il fut pris d'une envie de se réfugier dans le monde des rêves. Son esprit était fatigué, torturé, et savoir qu'il n'était pas le seul déprimé, que d'autres connaissaient ce vide lui fit atrocement mal.

  Lui, malgré la haine envers les autres, ne voulait pas le mal de ce mâle, si plein de vie. Son sang se propageait dans ses veines, il était libre, heureux. Il avait paru si joyeux, tellement enthousiaste à l'idée de se battre. Oh, oui, il avait bien voulu mourir lors de leur combat, alors qu'il en gardait des cicatrices, mais cela aurait pu être juste une blague. Et quand il avait si gentiment proposé de le tuer, il avait refusé. La peur de la mort. Savoir que son corps resterait, mais que son âme s'échapperait dans cette montagne dont il ne distinguait que le sommet enneigé de son point de vue, c'était stressant. Oui, les cieux pouvaient paraître accueillants, mais parfois ce n'est qu'un masque pour cacher un terrible destin, une tragique suite. Beaucoup ne souhaitaient pas aller là-bas. Pour Yago, l'enfer, c'était maintenant. Alors rejoindre Cerbère lui importait peu.
« On est tous fous, hein ? »

   Le museau humide du chasseur brilla faiblement dans la pénombre, éclairé par la lune. La nuit, elle, ne nous abandonnait jamais. Une lueur bien incertaine de surprise tinta dans les prunelles du malinois, qui ne s'attendait pas à un salut pareil. Dans un long soupir, il se redressa aussi, pour ne pas subir la honte de rester couché, en face de son invité. Bien sûr, une once de fierté persistait, dans cette vie ratée. Il n'avait pas totalement changé. Mais on ne reconnaissait plus le guerrier d'autrefois, le chien prêt à se jeter sur tout ce qui bougeait. Il n'était plus rien, plus qu'un fardeau pour ces humains. Une ombre passa dans ses yeux, quand il sentit peser le regard de l'autre sur ses côtes saillantes. Non, ce n'était qu'une impression, le noir nous faisait jouer des tours. Et le sauvage ne pouvait pas se moquer, son état étant pire.
"Si seulement la folie pouvait nous achever … Je la vénèrerai."

   Ce soir-là, dans ce chenil, dans le froid mordant d'hiver, il se libérait. L'âme perdue voulait se raccrocher à un infime espoir, d'une vie meilleure, ou d'une mort rapide. Lui qui avait baissé les yeux en parlant redressa lentement la tête, et ses iris se plantèrent dans celles du pâle. Plus ce regard meurtrier, juste dénué d'expression. Brisant la fragile stabilité qui régnait, il reprit, de sa voix rauque et froide, comme désintéressée :
"Pourquoi elle s'acharne sur nous, la vie ?"

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Lun 22 Avr 2019 - 17:44


Let me die this time

FT. YAGO

Le malinois sembla dévisager un instant l'ombre brisée face à lui. Hamilton soutint son regard, plus parce qu'il n'avait plus même la force de le détourner que par quelconque désir. Des désirs, il n'en avait plus. Ou plutôt, il n'en voulait plus. Toutes ses espérances, tous ses desseins lui tordaient les tripes et le meurtrissaient douloureusement. Le spectre de Surprise le hantait, et l'idée si abjecte de pouvoir un instant encore effleurer du regard cet ange qui était devenu le gardien de son enfer déchirait les coutures de son cœur et faisait saigner le poison de ses veines. Pourquoi ne pouvait-il pas l'oublier ? Pourquoi ne pas la maudire de le faire tant souffrir ? Il voulait juste pouvoir fermer les yeux, enfin, se laisser bercer dans les bras de la mort. Reposer sa tête sur le sol et que le vent emporte son nom vers l'oubli. Ne plus être, ne plus exister, n'avoir jamais existé. C'était une promesse terriblement douce. Alors pourquoi être encore en vie ? Pourquoi ne laissait-il pas simplement les froides montagnes devenir sa sépulture ? Parfois, souvent, il levait le regard vers les pics enneigés et son cœur s'emplissait d'une douce euphorie lorsqu'il imaginait l'engourdissement le gagner et la blanche froideur le recouvrir de son linceul. Oh, il aurait pu gravir les montagnes, sentir le manque d'air étreindre ses poumons, le vent glacial mordre la chair et les os. S'effondrer là-haut, où le monde s'étendait à ses pattes, pour ne plus jamais se relever. Sentir dans cette infinie blancheur baignée de nuit la présence de sa bien-aimée à jamais perdue. Pourquoi alors détournait-il toujours le regard avec un soupir résigné ? Lui qui se riait de la vie, qui n'aspirait qu'à la déchéance, lui qui se moisissait et se gangrenait au plus profond de ses entrailles avait-il une quelconque raison de subsister ?

L'athlétique silhouette du malinois vint lui faire face lorsqu'il s'assis, lorsqu'il le contempla d'un regard éteint. Au-delà de leurs différences, au-delà de ce grillage qui les séparaient, c'était comme s'ils n'étaient que des reflets, des échos.

« Si seulement la folie pouvait nous achever… Je la vénérerai. »

Un léger sourire amer, rictus sarcastique qui ne trouvait de réponse qu'en lui-même, déforma un bref instant la gueule du kangal. Il était déjà mort. Il suffoquait, se putréfiait. C'était la vie, qui l'avait tué. C'était la vie qui l'avait empoisonné, lentement, avec de petites gorgées qui étaient comme des épines qui perçaient ses entrailles. Il avait laissé la folie glisser en lui et panser ses plaies, couvrir les déchirures de tissu cicatriciel. Mais les traces ne disparaissaient jamais, la douleur était toujours là, les plaies se rouvraient à chaque souffle. Au fond, peut-être étais-ce pour cela qu'il subsistait, soldat égaré qui avait oublié ce pourquoi il se battait... Peut-être était-il tout simplement trop fou pour la mort.

« Pourquoi elle s'acharne sur nous, la vie ? »

Hamilton cilla. Son regard, qui s'était brièvement perdu dans le vide de son être, se reporta sur le malinois. Il avait l'air si brisé, si éteint. Avait-il ce même regard ? C'était bien misérable. Il devait être si pathétique... Il ferma les yeux et appuya sa tête contre le grillage, comme épuisé de lutter contre tout ce qui se déchaînait en lui.

« Peut-être parce que nous nous acharnons à la subir ? » répondit-il dans un souffle.


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Mer 8 Mai 2019 - 20:23
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Sans cesse il revoyait le visage de ses victimes, les chiens hameçons qu'il avait tué par sang-froid. Il était devenu mauvais, se délectant du sang de ses victimes, appréciant leurs gémissements de douleur. Plus il forçait, moins ils se débattaient. C'était si beau que ce sentiment de toute-puissance. Il les avait arrachés à une vie qu'ils chérissaient pour la plupart, alors que lui, inlassablement, maintenant, souhaitait plonger dans les infinies ténèbres. Il voulait que ses yeux se ferment pour la dernière fois, que son flanc ne se soulève plus, que plus jamais il n'entendrait le bruissement des feuilles, les respirations de ses congénères. Mais c'était un lâche. Il n'arrivait pas à s'en aller, définitivement. Comme si, dans sa minable existence, il restait une lueur d'espoir, comme si, peut-être, rester dans le monde des vivants valait la peine de survivre. De se battre sans relâche, de ne pas abandonner. Mais la vie était une épreuve insurmontable. Lui qui se croyait fort n'avait pas la force de s'accrocher, de passer outre les obstacles, les doutes, qui auraient pu forger un chien meilleur. Il avait refoulé ses souvenirs, nié ses atrocités, et tout revenait en bloc, comme pour le narguer. Lui, le malinois abandonné.

« Peut-être parce que nous nous acharnons à la subir ? », chuchota le pâle, qui s'était appuyé contre la barrière. Ils n'étaient plus bien loin, et Yago put déceler cette tristesse, ce désespoir qui devait le qualifier. Il ne put le fixer, l'autre s'étant dérobé sous son regard. Il avait feinté, ou par honte, ou simplement parce qu'il ne voulait pas voir à quoi il ressemblait. Eux, qui malgré leurs différences, restaient les mêmes. Il se sentait si faible. Si abîmé, incurable.

  Pourquoi ils se forçaient à ne pas mourir ? Pourquoi la quelconque destinée qui le mènerait au paradis l'effrayait tant ? L'inconnu ne l'avait jamais inquiété, avant. Avant, il se savait fort, dangereux, plus fort que les autres. Il savait qu'il mènerait la danse, et que les autres n'avaient pas d'autre choix que suivre. Mais les inconnues ténèbres, qui le persécutaient, qui lui faisaient si mal au cœur, qui hantaient ses rêves, voire ses plus profonds cauchemars, il ne les rejoignait pas. Inlassablement, il attendait. Il attendait que ce jour, ou cette nuit arrive. Pas le choix.

  Il soupira, râle du plus profond de son cœur. Yago laissa son regard dériver vers le sol, et fixa ses pattes. Celles qui avait bousculées, griffées, écrasés des animaux de son espèce. Ils n'étaient sûrement pas les meilleurs, non, mais simplement qu'il n'avait pas l'instinct de les protéger, comme le ferait tout bon chien. Il n'avait que eu envie d'écouter son maître, de se sentir fort. Pathétique.
"Stupide ... On est simplement des tâches, des monstres. ON NE SERT A RIEN !", rugit-il. Quelques pensionnaires remuèrent dans leur sommeil, et il leur lança pas même un regard. Un faible geignement de peur parvint à ses oreilles, sans doute avait-on vu un intrus, qui parlait avec un fou. Théorie du complot, attention !

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Yago
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Ven 24 Mai 2019 - 23:33


Let me die this time

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Le malinois soupira. Il soupira comme si l'air brûlait ses poumons et l'empoisonnait lentement. Lorsqu'on était mort comme ça, le moindre souffle était un supplice. Le simple fait de respirer encore était contre-nature, et tout l'être luttait contre cette aberration. Tout cela, Hamilton le savait par cœur. Rien n'était plus cruel que la vie, pas même ces deux bêtes enragées qu'ils étaient, perdus dans les méandres d'une raison envolée, d'une lucidité disparue.

« Stupide... On est simplement des taches, des monstres. On ne sert à rien ! »

La brusque fureur du malinois lança des échos dans la nuit. Une colère sourde et triste, celle du désespoir, qui irradiait jusque dans l'être profond du kangal. Mais si ses babines se retroussaient, c'était pour défier la vie, défier l'Homme qui avait fait d'eux ces monstres, ces carapaces vides aux entrailles moisissantes. Il aurait voulu arracher cette clôture qui emprisonnait l'autre, le laisser jaillir hors de cette cage métallique, l'emmener loin, là-bas, dans la montagne glacée. Ils auraient pu s'entre-tuer, laisser derrière eux deux corps en lambeaux, parfaite image de ce qu'ils étaient déjà au creux de leur poitrine. Mourir comme ils avaient vécu, dans le sang, la rage, l'avidité de leurs désirs. Ou peut-être auraient-ils pu simplement courir jusqu'à ce que les aboiements s'éteignent dans la distance et chasser jusqu'à ce que l'aube dissipe la nuit. Chasser ensemble, comme un petit bout de meute, comme au temps où le kangal courrait avec les loups. Avec Surprise. Oh, comme il aurait voulu revenir à ce temps-là ! Lorsque le sourire de son ange blanc hantait sa vie d'une présence bien réelle, tangible, lorsque son coeur tout tourné vers elle ne souffrait que de la façon si tendre qu'elle avait de prononcer le nom du traître. Avant que la meute ne soit décimée, avant que la douleur ne guide ses crocs vers le sang palpitant de chaque survivant. La meute n'était plus. Il en était la dernière âme et il était déjà mort. Il portait en lui l'ultime souvenir de ses compagnons, le chant sauvage de leurs hurlements. Mais il s'était égaré bien loin, autant physiquement que mentalement. Tout ce qu'il demeurait de sa meute, c'était lui, cet être si abjecte et si mort, cette allégorie de la déchéance, ce pathétique demi-loup. Oui, un demi-loup, ni tout à fait chien, ni tout à fait loup. Et pourtant ! Pourtant, avec son sang impur, avec son apparence de chien raté, il se sentait loup. Il n'avait jamais eu sa place parmi les chiens. Il n'était pas un chien, c'était impossible ! Il était un loup ! Il appartenait à la Meute, il avait hurlé avec eux, chassé avec eux, ses veines bouillonnaient de farouches instincts et d'une liberté insoumise qui n'avait rien des désirs d'un chien. Il était un loup... N'est-ce pas ? Un chien avait des maîtres, un chien était un serviteur, une erreur façonnée par les humains. Mais lui... Lui, qu'était-il, au juste ?

« Nous ne servons pas à rien, répondit-il au malinois dans un grognement sourd. Nous sommes les déchets de ce monde, nos existences sont simplement des expériences ratées. »

Il fit une pause pour jeter vers les bâtisses où se blottissaient les humains un regard où luisait une colère si intense qu'il n'avait véritablement plus rien d'un chien.

« Regarde-les, ils festoient sur nos sangs tandis que nous nous putréfions, grogna-t-il encore avant de tourner le regard vers le malinois. Mais nous pouvons choisir de les laisser nous briser à leur guise, ou de faire de nos existences leur châtiment »

Il n'avait pas l'habitude de tant parler, mais ce soir, les mots lui échappaient comme s'ils voulaient quitter ce corps qui les emprisonnait.

« Je ne veux pas mourir, reprit-il dans un murmure qui sonnait d'une étrange façon, écorchant sa voix et son être qui avait tant cru le contraire. Je ne veux pas mourir, et je veux que chacun de mes souffles soient leur malédiction.»

Son grognement enflait dans sa gorge et faisait glisser en lui une sombre détermination. C'était presque comme s'il se sentait vivant. Pourtant, il savait que jamais plus il ne serait entier, que ce vide en lui ne cesserait de s'étendre jusqu'à le tuer pour de bon. Il n'avait pas peur. Il chérissait toujours l'idée de mourir. Il avait simplement compris pourquoi il ne le pouvait pas. Il allait survivre pour venger sa meute. Pour se venger. Il allait survivre, parce que c'était inscrit dans ses instincts les plus profonds. Parce que les tristes hurlements des loups n'étaient ni plus, ni moins que le chant de la vie. Il était un loup. Du bout des griffes jusqu'à ses vides entrailles, il était un loup.


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Sam 8 Juin 2019 - 20:18
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  L'autre remua, comme si ses paroles réveillaient en lui un souvenir. Oh, si ces images d'autrefois avaient pu disparaître, si les corps de ses victimes ne le réveillaient en sursaut, si leurs aboiements terrifiés ne hantaient plus ses cauchemars. Mais c'était leur âme qui vivait en lui, sombre rappel de leur mort, qu'il méritait tant. Ils lui imposaient de survivre, pour eux, pour souffrir à son tour, mais c'était si dur. Il ne parvenait pas à oublier, il ne parvenait pas à avancer, contre le vent et la marée, à devenir ce qu'il rêvait d'être. Il voulait que, subitement, tout s'arrête. Et pourtant c'était comme si la vie lui ordonnait à lui aussi de vivre. Et tous les autres, Pierre, le vieil homme, qui venait parfois lui rendre visite, Nirvana et tous ceux dont il ne connaissait pas le nom, lui donnaient cette force. Alors, malinois déchu, il affrontait la colère des fantômes d'autrefois. Seul.
« Nous ne servons pas à rien. Nous sommes les déchets de ce monde, nos existences sont simplement des expériences ratées. »

  Yago lui lança un morne regard. Dans la colère de l'autre brûlait une sombre aura, un sentiment de puissance. Il ne savait plus quoi penser. Ce chien, quel que soit son nom, n'avait pas son mot à redire. Il était de ceux qui ne cohabitaient pas avec les humains. De ceux qui étaient plus inutiles encore que lui. Quand il voyait le regard du brun au ciré jaune, quand sa chienne aboyait, ou jouait, il pouvait affirmer qu'elle le rendait heureux. Mais lui, qui vivait dans la profonde nature, qui errait de lieu en lieu, il n'était que la hantise des hommes. Sûrement que la chienne de berger, la border collie, et son maître paniquaient à l'idée de savoir des animaux comme cela non loin de chez eux. Un tel chien pouvait dévorer des moutons, un tel chien pouvait semer la pagaille.

« Regarde-les, ils festoient sur nos sangs tandis que nous nous putréfions. Mais nous pouvons choisir de les laisser nous briser à leur guise, ou de faire de nos existences leur châtiment » reprit le mâle. Lui qui était si abattu paraissait avoir repris sa soif de vivre. Soif qu'il avait perdue depuis bien longtemps. Il ne s'était depuis bien longtemps pas abreuvé d'un moment de joie, aussi éphémère soit-il. Rien. Le confié en fut déboussolé. La tristesse, le désespoir était son pilier principal, il ne savait pas vivre sans.

  Mais il se reprit bien vite. Non, il ne pouvait pas le croire ! Pierre ne souhaitait pas sa déprime. Il se donnait corps et âme pour qu'il retrouve joie et enthousiasme. Il ne pourrait jamais lui faire de mal, plus maintenant. Ni même son maître, qui était bien loin. Les bipèdes l'avaient peut-être fait souffrir, mais certains de leur étrange espèce à deux pattes valait la peine de se battre pour eux. De refouler sa réelle nature. « Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir, et je veux que chacun de mes souffles soient leur malédiction.», murmura le demi-loup. La haine bouillait en lui. Et au fond, si le malinois aurait aimé le suivre, l'accompagner dans sa colère, et ruiner leur existence, pour qu'elle devienne aussi sombre que la leur, il ne pouvait pas. Il préférait user le reste de ses respirations à tenter d'être heureux. Et sa quiétude, sa vie ne pourrait plus lui sourire en faisant souffrir. Il avait trop tué, il avait trop blessé, trop effrayé. Il n'était plus ce monstre qu'il avait autrefois été. Il en était désormais convaincu. Alors, non, il ne casserait pas ces barreaux, il ne partirait pas de ce camping, qu'il avait contre son gré appris à aimer. Il resterait ce boulet qu'il avait toujours été depuis son arrivée, la bataille du brun.

"Je ne peux pas. Ils ne sont pas tous comme ça ! Ils valent plus que nous, certains ! Ils se battent pour notre bien-être quotidien, et malgré leurs défauts, leur tendance à vouloir tout contrôler, nous même, ils en valent la peine. La peine qu'on les laisse tranquilles" rétorqua-t-il, sincèrement. Sa voix avait pris une inflexion digne, et déterminée. Il ne laisserait pas son seul ami, s'il en était un, détruire tous les hommes qu'il croisait sur son chemin. Yago ne pouvait pas laisser faire ça. S'il s'était décidé à parler, dans cette nuit sombre, avec ce fou qu'il ne connaissait pas vraiment, c'était pour rendre la monnaie de la pièce à ceux qui le protégeaient tout le temps. Il ne savait plus faire semblant de haïr les bipèdes.
 
  La peur d'une connerie de la part de l'autre l'inquiétait. Il secoua la tête, et plongea son regard dans le sien, insensible à la lueur haineuse qui y brillait auparavant. "Ne touche pas à eux, ils sont intelligents, et forts. Tu ne pourrais pas les réduire à néant." s'écria-t-il, tentant de le persuader de le croire. Il n'était plus ce mâle de combat, mais bien un réel chien de compagnie, qui voulait convaincre un compagnon de route de ne pas céder à la tentation, et de risquer sa vie en voulant se venger.


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Mar 11 Juin 2019 - 0:04


Let me die this time

FT. YAGO

Hamilton se faisait gratifier d'un regard presque incrédule. Le malinois le fixait avec ce regard plein d'appréhension qui semblait désapprouver chacun de ses dires.

« Je ne peux pas. Ils ne sont pas tous comme ça ! Ils valent plus que nous, certains ! Ils se battent pour notre bien-être quotidien, et malgré leurs défauts, leur tendance à vouloir tout contrôler, nous même, ils en valent la peine. La peine qu'on les laisse tranquilles. »

L'air sincère et décidé du malinois semblait vouloir rappeler à Hamilton que lui n'avait plus rien du loup. Au fil des saisons, des années, les humains avaient façonné sa race à leur vision, à leur service. Ils en avaient fait cet esclave doux et obéissant qui, même lorsque tout s'écroulait et qu'il ne restait plus rien de ce faux amour qu'il tentait de lui enseigner pour mieux l'asservir, se refusait à se retourner contre ces maîtres auto-proclamés. Ils avaient inscrits dans ses instincts toutes les règles qu'imposaient la domestication, à l'instant même où ils avaient changé le loup en un être difforme, un être dont l'apparence ne les effrayait plus et leur convenait. Tant de générations qui avaient appris, à force de coups ou de paroles mielleuses et hypocrites, à se refuser le droit naturel et légitime de mordre cette chair sans défenses. Une race gâchée, une race de loups qui n'en étaient plus, juste des machines nées esclaves et destinées à le demeurer.

« Ne touche pas à eux, ils sont intelligents, et forts. Tu ne pourrais pas les réduire à néant. »

Il y avait dans sa voix des accents plus angoissés que réprobateurs. Mais le demi-loup les ignora, sentant ses muscles se crisper sous l'effet de la colère qu'il ressentait. Une colère mêlée de dégoût, une haine furieuse qui voulait tout anéantir. Comment ces créatures pouvaient-elle oser faire ça ? Briser les instincts et briser les vies jusqu'à créer ces bêtes sans volonté, qui craignaient et, pire encore, aimaient leurs tortionnaires ? Et lui, comment pouvait-il être pour moitié chien, pour moitié protecteur de proies que son autre part désirait si ardemment dévorer ? Oui, sans doute, des deux, était-il le plus monstrueux. Une créature qui n'appartenait vraiment à aucun monde, un loup destiné à la solitude, un chien destiné à la mort. Il était tout et rien à la fois. Une vie abjecte créée pour être gaspillée et pour nourrir des vers invisibles.

« Regarde ce qu'ils ont fait de toi. Ils t'ont ramolli. » répondit-il dans un grognement qui contenait toute sa rage à l'égard des humains, et où pourtant pointait la tristesse qu'il avait de contempler leur oeuvre funeste.

Il se leva, ses pattes refusant de rester immobiles où elles se trouvaient. Elles arpentaient le sol le long de la clôture, laissant dans la terre nue les sillons de ses griffes. Son regard fou semblait vouloir embrasser tous les alentours dans ses tremblements. Sa gueule s'ouvrit sur un murmure, comme s'il se parlait à lui-même.

« Je ne peux pas te promettre de laisser celui que tu as défendu, mais j’essaierai, puisque tu sembles tant l'apprécier. Mais pour les autres...»

Il s'arrêta et se tourna vers le malinois, l'expression atrocement déformée par une folle rage. Les babines retroussées sur un sourire qui dévoilait ses crocs, ses muscles tendus semblaient prêts à percer la peau où saillaient ses os.

« Oh, les autres... Si je ne peux les réduire à néants, alors, j'anéantirais leur royaume. » cracha-t-il.

Il se dressa sur ses pattes arrières et jeta son corps contre le grillage, qui plia sous son poids lorsque ses pattes avant glissèrent contre les mailles grisâtres et que ses griffes s'enfoncèrent dans les interstices.

« Je tacherais de mon sang tout ce qu'ils ont bâti, jusqu'à ce qu'il ne m'en reste plus une goutte. » continua-t-il, le regard levé vers le ciel comme pour sceller cette promesse.

D'une poussée des pattes avants, il s'éloigna de nouveau du grillage et retomba sur ses pattes lourdement, s'éloignant pour revenir, encore et encore, tournant en rond comme un fauve dans une cage. Mais, cette fois, la cage n'était autre que sa fureur. Il émit un petit rire cruel, qui sonnait si étrangement, en secouant la tête. Oui, il allait leur faire payer. Au prix de sa vie s'il le fallait — elle n'avait guère plus de sens. Et puis, soudain, il s'arrêta. Un rire enfla dans sa gorge, secouant ses côtes saillantes, agitant son corps maigre de ses spasmes de démence. Il leva vers le malinois des yeux aux pupilles contractées à l'extrême, la gueule entrouverte sur ses crocs massifs. Et il se jeta de nouveau sur le grillage, le malmenant tant et si bien qu'il parvint à trouver le moyen d'en ouvrir la porte, bien peu sécurisée de l'extérieur. Comme épuisé par son acharnement, il se recula, haletant, hagard. Il savait qu'il devait partir, maintenant. Sans doute les cris qui avaient fait écho au vacarme de son corps massif contre le grillage signifiaient-ils qu'il avait réveillé quelques humains. Il ne pouvait pas leur faire face ici, dans leur domaine, pas tout de suite... Bientôt. Bientôt, dans les montagnes glaciales, dans la nuit sans lune où hurlaient encore les échos des loups.

« Ne te mets pas en travers de mon chemin. » souffla-t-il en guise d'adieux.

Et il disparut dans la nuit.


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Hamilton
Mer 14 Aoû 2019 - 20:03
ft.
Mimi’
Just let me die …


Yago sentait une aura dangereuse, puissant, plein de haine, de colère submerger le loup, qui menaçait de péter un plomb seul. Il s’en voulait de l’abandonner, de ne pas réussir à le réconforter, et de le forcer à retrouver sa nature, sa montagne. Lui-même ne se sentait pas capable de ravaler sa peine, et de se forger un nouvel avenir. Il n’avait plus la force, d’encore se relever, pour chuter de plus haut, et de souffrir plus encore. Son corps était déjà couvert de cicatrices, et son cœur brisé n’arrivait pas à réparer les morceaux fissurés. Une âme torturée.
« Regarde ce qu’ils ont fait de toi. Ils t’ont ramolli. »

Il lui lança un regard sombre, et croisa les iris furibondes de l’autre, qui paraissait plus embêté qu’autre chose. Qu’il ne les apprécie pas, il pouvait le comprendre, mais le seul responsable de sa rechute était lui-même. Il n’avait pas su puiser dans ses ressources une envie de survivre, de se battre pour ceux qu’il aimait, pour prouver à ses ennemis qu’il en était apte. Il se retrouvait juste dans ce trou à rats, dans cette cage, balloté par le vent frais montagnard, qui s’infiltrait à travers la porte, sifflant. Mou, il l’était, mais il ne l’avait pas toujours été en leur présence. Avant, il était fort, un gaillard, déterminé de vaincre tout le monde, d’être le meilleur. Son maître l’avait boosté, entraîné, remercié, à sa façon. Le fou se leva, et jura, traçant dans le sol bétonné un sillon, écartant la poussière sous le lourd passage de ses pattes :
« Je ne peux pas te promettre de laisser celui que tu as défendu, mais j’essaierai, puisque tu sembles tant l’apprécier. Mais pour les autres … Oh, les autres … Si je ne peux les réduire à néant, alors, j’anéantirai leur royaume. »

Le berger l’observait, vidé de toute émotion, se jeter inlassablement contre le grillage, pendant qu’il murmurait des paroles furieuses, se promettant qu’il n’arrêterait jamais son combat contre eux à moins d’être mort. Le fer grinçait, se pliait, sous le poids du blanc, qui devenait complètement timbré. Aucune lueur de normalité, d’intelligence, ne dansant dans ses pupilles fendues, noires comme l’ébène. Il se recroquevilla néanmoins un peu, recherchant du réconfort, de la chaleur venant de son pauvre corps abîmé, et si maigre.
Et le portail céda.

Oh, il avait bien des choix. Partir, suivre ce dingue, qui lui proposait un avenir. Il était tentant d’imaginer une existence loin de tout, dans ces pics enneigés qui lui tendaient les bras. Libre de faire ce que bon lui semblait, de mourir, de se battre et chasser. Tuer, tuer. Une vie si différente d’ici, sans hommes pour lui donner des ordres. Une bien meilleure compagnie. Mais Nirvana, Pierre, ils lui manqueraient. Eika, même. Ils lui avaient construit à leur manière une permission de continuer, d’exister malgré tous les obstacles, de ne pas lâcher, et de survivre. Le sauvage se calma subitement, comme réveillé et prenant conscience de son geste. Sa langue pendait entre ses crocs dévoilés, et son poitrail se soulevait à un rythme endiablé. Yago était perdu.

Mais, avant qu’il n’ait le temps de parler, de comprendre ce qu’il s’était passé, le loup souffla, pour la dernière fois : « Ne te mets pas en travers de mon chemin. » Et, telle une furtive ombre, un fantôme d’un autre temps, il disparut, se faufilant loin. Le malinois cligna les yeux, et après un temps qui lui parut ridiculement rapide, des employés débarquèrent, et l’enfermèrent dans une autre cage. Il n’était pas parti.

Et il se battrait.

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