Au détour d'un sentier, on fait toujours de belle rencontre !

Encore une journée de boulot à accompagner Julien dans la forêt. Aujourd'hui ils étaient en mission pour recenser la population de chevreuil sur les versants ouest de la montagne. Le jeune homme devait s'assurer que la population se portait bien, que les jeunes fleurissaient dans leur environnement sauvage, et que la prédation n'était pas importante au point de mettre en danger ces fragiles créatures. On avait rapporté qu'une bête sauvage rodait dans les environs et qu'elle avait déjà fait quelques victimes. Il était du devoir du gardien de la réserve de trouver une solution au problème. Si les choses continuaient ainsi, les habitants du village ne tarderaient pas à se plaindre et à prendre les fusils de peur que l'animal ne s'attaque à leur troupeau. Julien devait donc trouver le responsable et le déloger, au moins des pâtures les plus proches du bétail des villageois.

Bien sûr ce projet était secondaire à sa mission principale qui était d'observer l'état des populations de chevreuil mais s'il venait à trouver un indice pouvant l'aiguiller sur le sujet, il ne se priverait pas de mener l'enquête.

Comme toujours son fidèle compagnon à l'allure lupine l'accompagnait sur les sentiers montagneux. Charon marchait en avant, le premier, toujours vaillant. Il revenait toujours en arrière s'assurer que son maître le suive, dès qu'il en avait la certitude il filait loin devant. C'était une belle journée d'été tandis que le duo cheminait dans les Pyrénées. Une longue journée dehors à vadrouiller comme le Tamaskan appréciait. Avec un peu de chance, il aurait même droit à quelques morceau du pic-nique de Julien s'il était généreux ! Il se lécha les babines à cette idée poursuivant sa route sur le sentier.

Son museau tendu en l'air, Charon venait de capter l'effluve d'un de ses congénères ou une congénère plus exactement. Excité à l'idée de croiser du monde, sa queue fendit l'air tandis qu'il accéléra le pas, s'éloignant de son maître. Le chien avait toujours hâte de croiser des amis même s'il n'avait aucune aptitude sociale. D'ailleurs sa rencontre avec Shukara en avait été le parfait exemple. Il n'avait pas su interpréter son agressivité et résultat des courses, la chienne l'avait mordu alors qu'il lui était venu en aide, à ne rien comprendre. Mais ça n'arrêtait pas le Tamaskan, qui se jetait les quatre pattes dans la rivière à chaque fois, oubliant les tourments du passé pour donner une chance à l'avenir.

Il contourna un buisson et soudainement la chienne se dessina devant lui. Charon marqua un brusque arrêt. Une louve ? Non elle ne sentait pas comme les loups sauvages qu'il avait eu l'occasion de croiser dans les montagnes. Elle était différente. Elle était très belle. Toute allongée, haute sur patte, avec une fourrure grise salie par son excursion dans la montagne. Le chien ne pouvait qu'être déconcerté par cette ressemblance. C'était la première fois qu'il croisait quelqu'un comme lui dans les environs. Un loup domestiqué comme il disait.

Elle fut la première à briser le silence qui s'était installé entre eux. Charon tout joyeux de cette rencontre s'avança dans sa direction, respectant une distance cordiale entre eux.

" Bonjour, commença-t-il par dire avec un sourire, Un troupeau ? Un troupeau de quoi exactement ? Il y a beaucoup d'espèces différentes dans le coin. "

Charon se tenait devant elle, toujours à une distance respectable. Bien qu'il soit un chien assez simple d'esprit, il se souvenait encore de la morsure du berger allemand qu'il avait cru être son amie. Il pensait toujours qu'il s'agissait d'un accident, et comme on lui avait déjà dit : qui aime bien châtie bien, raison pour laquelle il volait les chaussons de Julien et le faisait courir à travers le jardin pour les récupérer, qu'était-ce si ce n'était pas de l'amour ? Il adressa un sourire sympathique à la chienne et s'assit pour l'écouter répondre à sa question.

Ceci dit bien qu'il se concentre un maximum sur la description, il ne savait pas s'il était plus avancé. Il savait ce qu'était un daim mais est-ce que c'était ce dont parlait la chienne.

" Euh ... si tu parles bien d'un daim, je pense pouvoir t'aider. Ceci dit si c'est autre chose ... "

Charon ne vouvoyait personne, enfin presque personne. Un chien de police qui lui faisait la moral il aurait levé la patte pour faire un salut militaire et répondu "Oui monsieur !". Et ce n'était pas pour manquer de respect à la chienne, juste qu'il aimait créer un lien en brisant dès le début la distance que le vouvoiement pouvait installer.

" Si tu veux, je peux t'aider à chercher ? Enfin j'imagine que tu n'as pas trop besoin de mon aide, mais bon. C'est plus marrant à deux, non ? "

Il avait l'air tout content, comme s'il venait de trouver son prochain complice pour faire des bêtises.

" Au passage, je m'appelle Charon, mais tu peux m'appeler comme tu veux. Je compte plus le nombre de surnom que j'ai. "

Déclara-t-il avant de se relever d'un bond tout fringant, prêt à l'aventure.